foire

Tous les chemins mènent à Maastricht

L'ŒIL

Le 1 mars 2000 - 602 mots

L’économie est sur un petit nuage et le marché de l’art s’envole. Les grands objets se font rares, c’est vrai. Les musées raflent le meilleur, sans doute. Pourtant il en restera sûrement assez pour alimenter la plus grande foire aux trésors du monde, la TEFAF de Maastricht. Tous le savent : lorsque les prix grimpent, la marchandise sort. L’an dernier, ils étaient près de 65 000 à déambuler dans les allées du salon, au sein de l’affligeant centre de congrès construit à la périphérie de la petite cité néerlandaise. Parmi eux 40 % d’étrangers, venus d’Europe et d’ailleurs, Espagnols et Italiens en nette progression selon l’antiquaire français Nicolas Kugel, collectionneurs et institutionnels au coude à coude, à la recherche de fragiles chefs-d’œuvre, tous « à vendre ».
Ainsi faisaient leur marché le Rijksmuseum d’Amsterdam chez Dickinson, le Staatliche Museum de Karlsruhe chez Colnaghi, le Het Catheriijne d’Utrecht chez Aronson pour ne citer qu’eux. Montant de ces négociations ? Top secret. Encore ne représentent-elles que la partie émergée de l’iceberg, car les marchands d’art sont gens discrets. Pourtant, ce ne sont ni les achats des musées, ni les records qui font le succès de la manifestation. « La force de Maastricht, affirme Bernard Blondeel, l’antiquaire flamand de Paris, ce sont les transactions à prix moyens, extrêmement nombreuses. On estime qu’un visiteur sur dix ne repart pas les mains vides. » Comparé à l’aune des entrées, le calcul est vite fait : c’est tout simplement énorme. Allemands et Belges, en particulier, y passent une seule journée, négligeant injustement la ville fort jolie (voir guide pratique), puis s’en retournent la bourse plate. Bernard Blondeel estime que nombre de visiteurs établissent à l’avance un budget à dépenser de l’ordre de 200 000 à 300 000 F. Ils n’achètent pas forcément ce qu’ils avaient prévu mais se laissent séduire au hasard de la découverte. Et puis tout le monde peut tenter sa chance, il y a de bonnes petites choses à moins de 10 000 F, et le rapport qualité-prix y est presque toujours. En 20 ans la sélection s’est operée, elle est rigoureuse. L’an passé, le chiffre d’affaires était en augmentation sensible après une période de pause de six ans environ selon Bernard Blondeel. Et l’on s’attend à un très bon millésime 2000. Les tendances qui se dessinent montrent une avancée de la peinture du XXe siècle. La section s’étoffe et s’internationalise. Cette année Landau de Montréal, Daniel Blau de Munich, Schönewald de Krefeld et Anthony Meier de San Francisco ont rejoint le peloton et, pour bien marquer cette orientation, la couverture du catalogue est ornée d’un Van Dongen. Est-ce bien le rôle de Maastricht de donner tant de place à l’art moderne ? « Oui, répond sans hésiter l’antiquaire français Nicolas Kugel, il fallait renforcer ce créneau, très faible en comparaison du reste. Maastricht est désormais au sommet dans presque toutes les disciplines, même les plus pointues comme l’archéologie ou le livre rare, or ce n’était pas le cas de la peinture moderne. Aussi avons-nous poussé gentiment dehors des galeries qui ne répondaient pas à nos critères pour en inviter de plus prestigieuses. » Reste que le secteur, s’il brasse beaucoup d’argent, n’offre guère de surprises. Les chances sont minces, en effet, de découvrir une grande œuvre inédite. Ainsi trouverez-vous chez Landau un beau Picasso, Dora Maar au foulard jaune. Il est archi connu pour avoir été vendu à Paris chez Piasa le 27 octobre 1998. Quel sera son prix à Maastricht ? La galerie reste muette. Aux enchères, il avait été adjugé 11,5 MF.

MAASTRICHT, TEFAF, 18-26 mars, tél. (31) 73 614 51 65.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°514 du 1 mars 2000, avec le titre suivant : Tous les chemins mènent à Maastricht

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