architectes

Les succès du MigayrouLab

L'ŒIL

Le 1 mai 2000 - 553 mots

Après le succès, l’année dernière, de la première édition d’ArchiLab,  Frédéric Migayrou, secondé par la directrice du FRAC Centre, Marie-Ange Brayer et l’énergique Céline Saraiva, a de nouveau convaincu les investisseurs de Recherche et Développement culturels de bien vouloir lui témoigner leur confiance. Pour en faire la démonstration, Frédéric Migayrou, philosophe de formation, a su s’en donner les moyens, conférant à l’entreprise toute l’ampleur et la contemporanéité requises en ces temps sombres et incertains de société de l’information, de mondialisation de l’économie et de ville globale. Mais de façon plus locale, il a également su profiter de la conjonction politique régionale impliquant notamment Jean-Pierre Sueur, ancien ministre de la Ville et maire d’Orléans, et Michel Sapin, ancien ministre des Finances et président de la Région Centre. C’est ainsi qu’avec un budget plus maigre (6 MF), comparativement aux autres manifestations qui lui seront contemporaines – la Foire internationale de Hanovre en mai, la Biennale d’Architecture de Venise en juin et l’exposition « Mutations » à Bordeaux en novembre –, Frédéric Migayrou est parvenu à donner un sang neuf, certes massivement transgénique, à la critique et à l’exposition de l’architecture contemporaine en France. Mais en quoi consiste la réédition 2000 d’ArchiLab 99 ? S’agit-il même seulement d’une réédition ? La sélection cette année des 30 architectures-éprouvettes de l’année dernière, augmentée de 30 autres, n’est-elle là que pour dire la même chose ? Il semblerait bien que non... Dans le sillage déjà ouvert par l’axe thématique du FRAC Centre, consacré aux relations liant l’art à l’architecture et s’appuyant sur un savant dosage de sociologues comme Saskia Sassen et Manuel Castells, Migayrou veut montrer que la mondialisation n’est qu’une préoccupation mieux comprise des spécificités locales et que la vocation et le rôle social de l’architecte sont à reconquérir. Selon lui, dans la continuité de l’architecture radicale des années 60, les différentes initiatives expérimentales de quelques « nouveaux opérateurs », souvent jeunes et adeptes des nouvelles technologies numériques, seraient le symptôme. Pour autant, il peut paraître étrange que cette initiative ait justement vu le jour en France quand on sait le retard que ce pays a au regard des tendances et des attitudes, tout droit venues des États-Unis, de l’Angleterre, de Hollande et, plus subsidiairement, d’Allemagne et du Japon. Il semble bien que les dits opérateurs, partant à la conquête des nouveaux rôles et de nouvelles compétences impartis à « monsieur l’architecte », connaissent un franc succès : l’architecte hollandais Lars Van Spobroek, du groupe NOX, construit des logements sociaux, au même titre que MVRDV construit le pavillon néerlandais de Hanovre, consistant à l’empilement de morceaux de territoires poldérisés sur une immense structure de béton, précisément là où l’architecture de carton recyclable du Japonais Shigeru Ban se voit trahie par les Allemands à renfort de béton et d’acier. Jakob et Mc Farlane ont livré le restaurant Costes à Beaubourg (L’Œil n°512), François Roche continue son approche politique et territoriale, tandis que Bernard Cache et Greg Lynn poursuivent leurs recherches sur la fabrication et la géométrie. En fait, les recherches développées par ces praticiens de l’architecture « génétiquement modifiée » sont trop nombreuses et trop spécifiques. Mais c’est pour cette raison même que l’émerveillement l’emporte forcément aux dépens de la présence injustifiée des uns ou de l’attitude avant-gardiste et politiquement correcte des autres.

ORLÉANS, Subsistances militaires, 2 mai-25 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°516 du 1 mai 2000, avec le titre suivant : Les succès du MigayrouLab

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