Cahors fête ses dix ans

Voilà dix ans déjà qu’à chaque printemps, Cahors est à la fête mêlée de la photographie et des arts plastiques pour le bonheur d’un public toujours plus nombreux. Imaginé par Marie-Thérèse Perrin en 1990, le Printemps de Cahors a été longtemps programmé par Régis Durand avant de passer en d’autres mains. Pour la deuxième année consécutive, c’est Christine Macel, par ailleurs inspectrice à la Délégation aux Arts plastiques, qui en est la commissaire (L’Œil n°513). Intitulé « Sensitive », le cru 2000 vise à faire valoir « la manière dont les artistes explorent le domaine du sensible à travers l’image fixe ou mobile, voire à travers d’autres médiums qui dialoguent avec elle. » Rien de bien nouveau en vérité, sinon de souligner le retour d’une mesure (le sensible) trop souvent reléguée au second rang et de mettre en évidence la place centrale de l’esthétique et du culturel dans le contexte d’une société qui a tendance, on ne le sait que trop, à privilégier la carte de l’économique. Le propos est donc salutaire et il convient de le saluer parce qu’il opère en qualité de salubrité sensible. Placée sous la tutelle d’une citation de Pessoa, « sentir tout, de toutes les façons », « Sensitive » rassemble une trentaine d’artistes, de Boris Achour à Cerith Wyn Evans, en passant par Blazy, Hybert, Moulin, Orozco ou Scurti, dont les travaux trouvent un ancrage judicieux dans le contexte urbain de Cahors. Partagés entre deux programmations, l’une « Inside », l’autre « Outside », ceux-ci contribuent à animer la ville quasiment jour et nuit. L’opération « Nuits blanches » (16, 17, 23 et 24 juin) offre au public l’occasion d’un parcours nocturne étonnant : les sens revisités, en quelque sorte.