école et centre d’art

Les Russes à l’heure européenne

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 juin 2000 - 294 mots

Au lendemain de la chute du mur de Berlin et de la dislocation de l’empire soviétique, la scène artistique internationale a vu émerger toutes sortes de propositions d’artistes jusqu’alors tenus à l’écart des circuits convenus. C’est une nouvelle vague qui nous arrive maintenant et dont le flux déferle chez nous en deux temps. À l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, l’exposition intitulée « Le Pôle du Froid » vise à faire valoir l’état de la situation artistique russe des années 90. Les œuvres très disparates des quelque 120 artistes qu’elle réunit, pour la plupart originaires de Moscou,
Saint-Pétersbourg, Odessa et Kiev, témoignent plus particulièrement de l’influence qu’a exercée sur eux le groupe de l’Inspection Herméneutique Médicale, créé fin 1980 par Serguei Anoufriev, Youri Leiderman et Pavel Pepperstein. La récurrence des thèmes de l’enfance éternelle, de la pharmacie, du roman policier et de l’animalité en sont notamment l’expression. Commissaire de cette exposition, Andrei Erofeev, directeur du Musée national Tsaritsino de Moscou, l’est aussi de l’exposition « Le Fou dédoublé » présentée à Oiron. Montée à Moscou, cette deuxième exposition est la première du genre à organiser la confrontation d’artistes, pour l’essentiel russes et français, sur la question de l’identité européenne. En ce sens, elle est manifeste d’une volonté d’y réfléchir en termes proprement politiques, par-delà toutes les vicissitudes de l’histoire. Pour les trois commissaires, le thème de la folie, voire de l’idiotie, en tant que stratégie de l’art contemporain qui la sous-tend ne vise qu’à mettre en évidence le terreau mythologico-social dans lequel puise l’artiste contemporain et qui est à leurs yeux le lieu idéal de toutes les dérisions. Du moins tel que l’illustre le choix des œuvres des 74 artistes qui ont été retenus.

OIRON, Château, jusqu’au 1er octobre, et PARIS, Ensb-a, jusqu’au 1er juillet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°517 du 1 juin 2000, avec le titre suivant : Les Russes à l’heure européenne

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