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Espace spirituel

L'ŒIL

Le 1 juin 2000 - 261 mots

Banlieue de Marseille, un hôpital spécialisé dans le traitement des cancers. Dans la confusion des couloirs sans fin, une porte ouvre sur un étonnant espace de méditation. Au centre, un puits de lumière éclaire un cube. Disposés en étoile, cinq espaces sombres, tout juste séparés les uns des autres par de minces claustras. De l’ensemble émane une quiétude rare. De discrets signes indiquent que trois de ces cellules sont dédiées à une grande religion (musulmane, catholique, judaïque). La quatrième, dépourvue d’attributs, se veut laïque. Enfin, un dernier espace propose un ensemble de livres propices à la méditation. Exemplaire, cette réalisation l’est à plus d’un titre. Sous l’impulsion du personnel de l’hôpital qui réclamait un lieu de recueillement ouvert aux diverses sensibilités spirituelles des patients, Sylvie Amar, responsable régionale du programme des Nouveaux commanditaires (Fondation de France), s’est mise en quête d’un artiste capable de relever ce défi. Son choix s’est porté sur Michelangelo Pistoletto, artiste italien issu de l’Arte Povera. La discrétion de son œuvre ne doit pas masquer une redoutable évidence : nous sommes face à l’une des réalisations les plus accomplies de cet artiste. En plaçant une nouvelle version de son célèbre Mètre cube d’infini (six miroirs placés face à face) au centre d’un espace soigneusement distribué, Michelangelo Pistoletto transforme ici le temps en espace et l’espace en temps. Depuis l’incroyable force de ce point de centralité, chacun peut alors retrouver en lui l’autonomie spirituelle qui lui faisait défaut. Malheureusement, les mots restent toujours bien impuissants face à l’instauration du sacré.

MARSEILLE, Institut Paoli-Calmettes, à partir du 13 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°517 du 1 juin 2000, avec le titre suivant : Espace spirituel

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