galerie

Fiona Rae, l’art des collisions

L'ŒIL

Le 1 juin 2000 - 225 mots

Représentante de la peinture abstraite au sein de la Nouvelle école anglaise, Fiona Rae, née à Hong Kong en 1963, conçoit ses toiles selon un principe d’organisation paradoxal : celui de la disjonction. Sur un fond plan de couleur unie ou rythmée par des formes géométriques et caractérisé par l’anonymat de sa facture, s’agglomèrent, sans centre perspectif ni ordre logique, des fragments empruntés à une infinie variété de contextes allant de l’histoire de l’art à la culture populaire des médias : calligraphies, taches, coulures, gribouillages, traces de gestes et signes en tous genres, autant d’éléments innommables face auxquels on en est réduit à d’improbables tentatives d’attribution ou d’identification. De l’abstraction hard edge à l’expressionnisme abstrait, Fiona Rae puise ainsi son art de la citation apaisée et assumée dans l’inépuisable magasin des accessoires de l’abstraction. Elle construit par là une réflexion sur la nature des signes visuels et sur les intentions artistiques qu’ils recèlent. Alors, l’improvisation apparaît des plus maîtrisées et le hasard totalement déterminé. L’hétérogénéité devient un principe de cohésion ; prolifération et agglomération constituent désormais un mode de composition à part entière plaçant le spectateur dans une position inconfortable et source d’inquiétude : entre le plaisir visuel créé par ces agglomérats de formes colorées et une incertitude absolue quant à la nature et au sens de l’ensemble.

PARIS, galerie Nathalie Obadia, jusqu’au 20 juillet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°517 du 1 juin 2000, avec le titre suivant : Fiona Rae, l’art des collisions

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