fondation

Des soies en furie

L'ŒIL

Le 1 juin 2000 - 238 mots

Depuis cinq ans, Hans Christoph Ackermann étudie sans relâche les 227 « soieries bizarres » de la collection Abegg, ces étoffes aux motifs endiablés qu’on appelait « furies » au XVIIIe siècle. « En 1723, dans son dictionnaire du commerce, Savary des Bruslons désignait par ce terme deux catégories de textiles », relate le directeur de la fondation. « Tout d’abord les “chintz”, ces tissus exotiques importés d’Orient qui firent quelque peu vaciller les industries textiles occidentales ». En 1700, l’Amphitrite, le vaisseau de la compagnie des Indes française, déchargeait 8 000 précieuses étoffes qui allaient susciter un engouement sans précédent pour les motifs exotiques. Les furies désignent aussi « les copies européennes de ces soieries d’Orient », librement interprétées par les tisserands européens. Ceux-ci inaugurent des lignes élégantes, mi-végétales, mi-abstraites, qui se perdent dans des circonvolutions et des formes ineffables. Seule cette seconde définition correspond au vocable « bizarre ». La Fondation Abegg est à la tête de la plus grande collection au monde de ces damas brochés de fils d’or, d’argent et de soie. Acquise dans les années 20 par Werner Abegg, elle a été complétée ces dernières années par une judicieuse politique d’achat. L’exposition propose une sélection de 64 « soieries bizarres » datées de 1680 à 1720, tissées à Lyon et à Venise, mais aussi en Espagne, en Hollande et en Angleterre.

RIGGISBERG, Abegg-Stiftung, jusqu’au 5 novembre, cat. 440 p., 281 ill., 280 FS.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°517 du 1 juin 2000, avec le titre suivant : Des soies en furie

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