Disparu en 1932, Karl Blossfeldt avait retenu l’attention de Walter Benjamin par ses travaux, simples en apparence, sur la nature esthétique des végétaux. Celui-ci percevait, dans cette approche résolument moderniste de la photographie « un geyser d’images faisant irruption à des moments de notre existence où nous les attendrions le moins ». Blossfeldt, professeur de sculpture à Berlin, suggérait alors de prendre les plantes pour modèles, affirmant que « toute forme structurée possède son prototype dans le monde végétal ». Passant derrière la caméra, il utilise la photo afin d’expliciter sa théorie en explorant toutes les ressources graphiques offertes par les tiges, les feuilles et les bourgeons d’une série de plantes désignées par leur nom latin scientifique. Ce n’est que lors de la publication du résultat de ses travaux, en 1928, que fut salué par une critique enthousiaste l’avènement d’un pilier – bien malgré lui – de la Nouvelle Objectivité. Son innocence (au moins au regard de toute classification dans telle école) lui valut d’être différemment interprété par un auteur comme Georges Bataille, plus sensible à l’aspect surréaliste de ces représentations d’une nature savamment cadrée. Il utilisa d’ailleurs les images de Blossfeldt pour illustrer son essai sur Le Langage des fleurs.
WINTERTHUR, Fotomuseum, 17 juin-20 août.
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De feuilles en bourgeons
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°517 du 1 juin 2000, avec le titre suivant : De feuilles en bourgeons