musée

Soutine, séjour à Céret

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 juillet 2000 - 250 mots

On connaît l’indéfectible amitié qui lia Modigliani et Soutine depuis leur rencontre à Paris dans la bohème de Montparnasse. Le séjour à Vence en 1918 est l’occasion pour ce dernier de faire la découverte de la lumière et de l’architecture méditerranéennes. Soutine s’en enthousiasme parce qu’il y trouve là une qualité sensible qui répond à ses intentions et lui permet de se libérer brutalement de la manière un peu timide de ses débuts. Rien d’étonnant qu’en 1919, poussé par son marchand Zborowski et par le peintre Pierre Brune, un voisin d’atelier à la Cité Falguière, il décide de se poser à Céret, petite commune catalane des Pyrénées-Orientales où Braque et Picasso s’étaient eux-mêmes installés en 1911 y inventant les premiers collages. Trois années durant, Soutine va y demeurer. Son séjour va déterminer son art à l’aune d’une inédite puissance expressive. Avec une rage sans pareille, il va littéralement s’emparer du paysage qui l’entoure et en tirer des images d’une violence formelle et d’une intensité chromatique nouvelles qui vont signer son style, tout en sanctionnant la panique proprement existentielle qui est la sienne. Soutine multiplie aussi les peintures de natures mortes et les portraits constituant une sorte de documentaire sur la vie et les habitants du village cérétan. La série de peintures qu’il y réalise sont parmi les plus explosives, les plus chaotiques de son œuvre. Elles invitent surtout à repenser la contribution de l’artiste à une histoire expressionniste jusque dans ses prolongements contemporains.

CÉRET, Musée d’Art moderne, jusqu’au 15 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°518 du 1 juillet 2000, avec le titre suivant : Soutine, séjour à Céret

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque