musée

Femmes sous influences

L'ŒIL

Le 1 septembre 2000 - 254 mots

Alors que les polémiques sur le foulard islamique s’enveniment, l’artiste marocaine Majida Khattari a l’idée de travailler sur la condition de la femme arabe en France, prise entre religion musulmane et éducation laïque républicaine. Elle conçoit à Paris, capitale de la mode, des défilés-performances choisissant comme mannequins des filles d’origine maghrébine. L’une de ses premières œuvres, réalisée en 1996, est le Tchador de la république, vêtement qui couvre entièrement le corps de la femme, l’étouffe, mais sur lequel sont plaquées les trois couleurs synonymes de liberté, d’égalité et de fraternité. Pour l’exposition du Kunstmuseum de Lucerne, elle présente 14 robes sur la situation de la femme dans l’islam contemporain, entre enfermement et liberté. Deux pièces sortent du lot. Iraque, qui veut dire « Lis » (premier ordre de l’ange Gabriel au prophète Mohamed) présente un mannequin revêtue d’un carcan ne laissant voir que les yeux. Entièrement imprimé, il délivre son histoire écrite en calligraphie arabe. Cette injonction adressée au spectateur le laisse dans le même désarroi que la jeune femme illettrée. Un autre modèle, Kacha, dénonce la situation des femmes afghanes, « dont on parle trop peu » souligne Majida Kattari. Privées d’éducation, ne disposant d’aucune liberté, ce sont de véritables prisonnières. Le vêtement se veut austère ; maintenu par des sangles, son poids repose entièrement sur la tête, écrasant et comprimant le corps. Dans les années à venir, l’artiste pense radicaliser sa démarche toujours dans l’espoir d’éveiller les consciences aux femmes du Maghreb, captives de leurs traditions séculaires.

LUCERNE, Kunstmuseum, jusqu’au 24 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°519 du 1 septembre 2000, avec le titre suivant : Femmes sous influences

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