musée

Miquel Barceló, de terre et de feu

L'ŒIL

Le 1 octobre 2000 - 249 mots

Du monde, Barceló dit n’aimer que la terre et les pierres, surtout « les terres tellement organiques qu’elles excitent les narines et font presque pourrir les pieds », les pierres serrées dans la main qui se transforment en poussière et la terre qui, à la cuisson, devient dure comme la pierre. Alors, au Mali en 1995, un jour où une tempête de sable l’empêchait de peindre, il a appris d’une vieille villageoise à préparer la terre, à la pétrir et à la cuire, à réparer les fissures après la cuisson (L’Œil n°510). De ces premières tentatives sont sortis des « objets archéologiques », bustes et têtes, Pinocchio mort, autoportraits barbus et cornus, portant tous les traces de leur violente naissance : triturations de la matière, accidents de cuisson et brûlures des flammes. Dans la lignée de Gauguin, Picasso et Miró, s’essayant à des techniques traditionnelles et brouillant les frontières entre art et arts appliqués, Barceló a poursuivi l’expérience à Majorque, puis récemment à Angers pour réaliser les quelque 150 pièces qui composent cette exposition, avec des grands formats requérant une technique particulièrement affinée. Et dans cet acte de création à la fois primitif et complexe, brutal et soigné, hasardeux et maîtrisé, la lutte de la matière et de l’image prend une dimension toute vitale, entre apparition et enfouissement : hors du magma surgissent la forme et les couleurs, dans une aventureuse métamorphose qui, au final, reste tributaire du pouvoir des éléments.

PARIS, Musée des Arts décoratifs, jusqu’au 12 novembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°520 du 1 octobre 2000, avec le titre suivant : Miquel Barceló, de terre et de feu

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