musée

Nord-Sud, chassés-croisés symbolistes

L'ŒIL

Le 1 octobre 2000 - 316 mots

À partir de cinq thèmes majeurs (La beauté et la mort, À la gloire de l’homme et de la nature, Du silence à la mort, Amour et mélancolie, Les prophètes de la beauté), l’exposition rappelle l’importance et la complexité des rapports artistiques, littéraires et musicaux entre les artistes danois de la fin du siècle dernier et les célébrités internationales du mouvement symboliste tels que les Français Paul Gauguin (qui épousa en 1873 une Danoise, Mette Gad, et vivra un moment à Copenhague), Puvis de Chavannes (aussi important que Jules Bastien-Lepage pour la génération antérieure, naturaliste), Émile Bernard, Gustave Moreau, les Anglais Edward Burne-Jones et Dante Gabriel Rossetti, les Suisses Arnold Böcklin et Ferdinand Hodler. Même confrontés à leurs homologues nordiques, le Norvégien Edvard Munch et le Finlandais Akseli Gallen-Kallela, les peintres danois révèlent résolument un tempérament bien singulier à travers leur interprétation stigmatisée et immobile « du monde de l’invisible ». Ainsi, l’impression de la fragilité et de la solitude humaine face à une nature imposante est magnifiquement suggérée par Jens Ferdinand Willumsen (Une Alpiniste, 1904). Laurits Andersen Ring semble, lui, désireux de traduire une beauté matérielle, par la stylisation et la synthèse. Son Jour d’été dans le fjord de Roskilde, peint en 1900, est une remarquable et mystérieuse étude scientifique de la lumière naturelle, élaborée à des fins symbolistes, quasi phosphorescente, celle-là même qui éclaire les nuits d’été dans l’île de Sjaelland. Ejnar Nielsen exprime magistralement son inquiétude devant le mystère de notre origine et de notre avenir. Vilhelm Hammershøi, Harald Slott-Møller et Mogens Ballin sont témoins de l’angoisse devant un monde alors dominé par la science et la machine, tout comme Joakim Skovgaard, la grande révélation de cette exposition. Son questionnement sur Dieu est illustré par Le Christ au royaume de la mort, image provocante du Sauveur, du Zarathoustra de Nietzsche ou de l’artiste lui-même ?

COPENHAGUE, Statens Museum for Kunst, jusqu’au 14 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°520 du 1 octobre 2000, avec le titre suivant : Nord-Sud, chassés-croisés symbolistes

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