musée

L’Aurore aux doigts de rose

Par Adrien Goetz · L'ŒIL

Le 1 novembre 2000 - 220 mots

L’Aurore aux doigts de rose avait un peu jauni. Charles Le Brun, quand il décora pour Colbert, en 1672, la coupole de ce pavillon du Château de Sceaux, ne se souciait pas de pratiquer la « bonne fresque » à l’italienne. À côté de certaines parties, peintes sur l’enduit frais, il ajoutait comme il était courant de le faire à l’époque, des morceaux travaillés à sec, des rehauts et des retouches, et, dans une partie importante de l’œuvre, il transporta même un morceau exécuté d’abord sur toile, marouflé ensuite sur le plafond. Un cauchemar pour les restaurateurs, dont les prédécesseurs du XIXe siècle n’avaient pas facilité la tâche, en noyant le tout sous un épais vernis brun qui rendait l’ensemble illisible. L’exposition de Sceaux est exemplaire : elle permet de suivre cet impeccable travail de sauvetage, mais aussi de confronter les peintures de Charles Le Brun au modello de la coupole, actuellement en mains privées, d’examiner les dessins préparatoires conservés au Louvre et au Nationalmuseum de Stockholm. Surgit ainsi de l’ombre un Le Brun très inspiré, moins hiératique que dans la Galerie des Glaces, illustrant le célèbre passage de L’Odyssée où Castor et Pollux, les jumeaux qui ne se croisent jamais, président, l’un aux heures du jour, l’autre aux heures de la nuit.

SCEAUX, Pavillon de l’Aurore, jusqu’au 31 décembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°521 du 1 novembre 2000, avec le titre suivant : L’Aurore aux doigts de rose

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