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Tagliapietra, le gourou de Murano

L'ŒIL

Le 1 novembre 2000 - 232 mots

Il était normal que le gourou du verre de Murano, Lino Tagliapietra, revienne exposer ses nouvelles verreries Spigoitondi (mot vénitien qui signifie à la fois pointu et rond) sur sa lagune natale. Roi de la couleur, il est allé enseigner l’art du verre soufflé au Cirva à Marseille, comme au Japon ou aux États-Unis. Il est célèbre pour ses vases à minuscule bouche, sinueux comme des corps de femmes. Cette fois-ci, il présente des vases très inspirés des formes déstructurées de Frank O. Gehry, véritable prouesse technique dont les sillons, les striures gravées sont réalisés à froid avec une petite roue dentelée. Il montre aussi, dans cette exposition, de grandes plaques de verre qu’il compare à des tableaux, à des tapisseries indiennes plus exactement, pour l’incroyable sensation de texture qu’elles dégagent. « La technique qui consiste  à fondre du verre à plat est une transposition du travail vénitien traditionnel que l’on effectuait pour réaliser les sols en mosaïque. Un procédé très délicat : il suffit de la moindre petite incompatibilité entre une couleur et une autre, c’est-à-dire que deux couleurs se réchauffent et se refroidissent à des moments différents, pour que le verre se brise. » On savait Lino Tagliapietra être l’un des derniers maestri de Murano encore vivants, il en fait là une démonstrastion éclatante par son goût de l’innovation et son habileté diabolique.

VENISE, galleria Marina Barovier, jusqu’au 15 décembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°521 du 1 novembre 2000, avec le titre suivant : Tagliapietra, le gourou de Murano

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