musées et centres d’art

Genève et l’art d’aujourd’hui

L'ŒIL

Le 1 décembre 2000 - 399 mots

Ce mois-ci, il faut savoir profiter de la conjoncture particulièrement favorable pour l’art contemporain à Genève. Au 18 de la rue Saint-Léger, le Centre genevois de Gravure contemporaine présente ses éditions réalisées en 2000 avec Alexandre Bianchini, Sidney Stucki, Laurence Huber et Marie-Josée Blanquet. Au Centre d’Art contemporain, une monographie consacrée à Gavin Turk permet de découvrir les différentes facettes d’un travail pour le moins polymorphe. D’immenses chewing-gums longuement mâchés et transposés en résine sont accrochés aux murs, un autoportrait hyperréaliste en ivrogne répond à d’autres sous les traits du Che, des boîtes Brillo (clin d’œil warholien oblige) et des sacs poubelle sont brillamment transposés en bronze. Toutes ces pièces parlent de camouflage, de pastiche et d’identité. Dans le même immeuble, côté MAMCO, Christian Bernard présente le troisième épisode de « Vivement 2002 ! » constitué de courtes présentations monographiques éclatées parmi les collections du musée. Retenons, au deuxième étage, les derniers travaux d’Éric Poitevin avec ses superbes portraits d’arbres aux branches dénudées, d’arrière-trains de lourds chevaux ardennais et les impressionnantes plongées dans des abattoirs envahis de carcasses. Au premier étage, 60 photos rappellent la commande publique de Strasbourg passée au Genevois Nicolas Faure. Celui-ci a portraituré les ouvriers de la ville ayant travaillé sur le chantier du tramway. En les cadrant serré comme August Sanders l’avait fait en son temps et en insistant sur leurs costumes aux bandes fluos, Faure rappelle que les travailleurs anonymes scandent l’histoire de la photographie mais que l’on assiste aussi « à leur disparition, du retrait progressif de leur visibilité humaine au profit de leur hyper-visible devenir-machine et devenir-signe. » Quant au troisième étage, il abrite une salle de sculptures aux surprenants rapprochements formels et thématiques. Ici un cône de papier de Ruthenbeck répond au cône couvert de graisse de Rabinowitch, au cône d’herbe de Haacke et au sein orange de César. Enfin, le Musée d’Art et d’Histoire poursuit sa série Regard avec Agnès Pétri. En relation avec la Décollation de Jean-Baptiste de Juan de Flandres réalisée à la fin du XVe siècle, la jeune Lyonnaise installe au cœur du musée une table et des éventails que l’on retrouve dans l’épisode du festin d’Hérode. L’éventail évoque ici aussi bien les sept voiles de la danse de Salomé que le couperet du bourreau.

GENÈVE, CGGC, jusqu’au 23 décembre, Centre d’Art contemporain et MAMCO, jusqu’au 21 janvier et Musée d’Art et d’Histoire, jusqu’au 7 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Genève et l’art d’aujourd’hui

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