Le printemps des enchères

L'ŒIL

Le 1 avril 2001 - 624 mots

Le cabinet d’expertise Camard réalise le 3 avril sa première grande vente de bijoux dans le cadre de l’Hôtel d’Evreux, place Vendôme. D’autre part, un ensemble de peintures et sculptures des XIXe
et XXe siècles rassemble des œuvres de Chaim Soutine, Fernand Léger et Alberto Giacometti. L’exceptionnel salon de Louis Süe, réalisé pour l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes, est une des très belles pièces de la section Art Nouveau-Art Déco de cette vente. Louis Süe réalise en 1913 deux canapés, quatre bergères et deux tabourets ronds en bois doré sculpté de perles et de cordelettes et demande au peintre décorateur Charles Dufresne de dessiner le décor des tapisseries. C’est le tapissier d’Aubusson Jean Lauer qui réalise donc des scènes
de Paul et Virginie. L’ensemble est estimé 1, 8 à 2 MF. Sont également en vente des meubles de Charles Coard, une enfilade de Jean Pascaud et une très belle table basse de Paul Dupré Lafon de 1936 dont le plateau est composé de six dalles de terre cuite patinée, estimée 1, 5 à 2 MF. Toujours pour l’Art Nouveau et l’Art Déco, la vente de l’étude Gros et Delettrez du 2 avril propose des surprises, notamment ce rare bureau d’André Arbus. En placage d’ébène et ébène massif, le plateau à deux tiroirs gainé de parchemin repose sur des pieds cambrés et effilés. Avec sa chaise en ébène,
ils sont estimés 250 000 à 300 000 F. L’étude Tajan consacre le début du mois d’avril à la vente de la collection du baron et de la baronne Gourgaud. La collection porte l’empreinte du goût de chaque génération et réunit des meubles et objets d’art des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle. Parmi les objets du Premier Empire réunis par le baron Gourgaud, on peut noter un important surtout comprenant 26 pièces, plateau, centre de table ou corbeilles à fruits, la plupart signés Pierre Philippe Thomire, grand bronzier de son époque. Les pièces sont estimées entre 80 000 et 300 000 F. Sur trois pieds arqués, ornés de sabots et de tête de lion, repose un guéridon d’Adam Weisweiller en placage de thuya
et bronze doré, réalisé vers 1790 et estimé 2 à 3 MF. Le décor du plateau en marbre, du peintre français Piat Joseph Sauvage, représente en camaïeu crème sur fond bleu l’éducation à l’amour et, en camaïeu bistre, des amours jouant avec une chèvre, des oiseaux et des instruments de musique.
La collection comprend également un dessin inédit, sûrement préparatoire pour les fresques de la chapelle du Pallio au Palais de la Chancellerie à Rome, de Francesco Salviati. Au recto, saint Jean et au verso, saint Marc, dessins à la pierre noire et à la craie blanche, estimés 300 000 F. Le même jour, Me Tajan organise une vente de tableaux, dessins et sculptures du XIXe siècle dans laquelle se trouve le plâtre satiné de Jean-Auguste Clesinger, Ariane sur le tigre, estimé 200 000 à 300 000 F. A Drouot, c’est sans conteste la vente de l’étude Nicolay du 26 avril qui occupera le devant de la scène avec un Picasso de 1903, Tête de femme, qui a appartenu à Guillaume et Jacqueline Apollinaire et n’a jamais été exposé. Les Picasso de la période bleue sont rares sur le marché et ce tableau estimé 20 MF présente tout le mystère et le charme d’une grande œuvre. Pour l’art moderne et contemporain, la vente du 22 avril de l’étude Poulain Le Fur propose trois Coulées de Martial Raysse, Up 102, une toile de Vasarely caractéristique des travaux de l’art cinétique, et une œuvre de Franz Radziwill, peintre allemand peu présenté en France. L’huile sur panneau Paysages surréalistes est caractéristique du Réalisme magique, style dans lequel s’épanouit le peintre à partir de 1925.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°525 du 1 avril 2001, avec le titre suivant : Le printemps des enchères

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