Ferdinand Bac, Livre-Journal 1919

Par Adrien Goetz · L'ŒIL

Le 1 juin 2001 - 324 mots

En 1952, à Compiègne, un très vieil homme aimait recevoir quelques jeunes écrivains et ne dédaignait pas de parler à la radio. Ferdinand Bac avait connu les fêtes du Second Empire et se souvenait de Victor Hugo. Son journal, trop méconnu, republié enfin, lui vaut le surnom de « Saint-Simon de la Troisième République ». Sa vie ressemble à un film de Sacha Guitry, où tous
les seconds rôles sont tenus par des acteurs de premier plan – il croise Thiers, Gambetta, Wagner, Ruskin, Renan, Marie Bonaparte, Aristide Briand... – et où les régimes politiques défilent à grande allure. Bac, dont le père était un enfant adultérin né de Jérôme Bonaparte, frère de l’Empereur et d’une mère qui répondait au joyeux nom d’Ernesta von Pückler-Limbourg, comtesse von Lövenstein-Wertheim-Freudenberg, fut la dernière figure emblématique du XIXe siècle. Parfaitement européen, à l’aise dans toutes les cours, Parisien à Paris, Romain à Rome, il est avant tout passionné de littérature et de dessin. Créateur de jardins, il connaît tous les grands domaines de France, de Vaux-le Vicomte à Voisins. Il en dessine aussi, sur les hauteurs de Grasse, pour Marie-Thérèse de Chevigné, ou dans le domaine des Colombières, près de Menton où il se retire. Ses articles sur l’art
des jardins dans L’Illustration, ses ouvrages, publiés autour de 1925, imposent un style nouveau, fait de mélanges d’espèces, d’emprunts à tout l’herbier méditerranéen. Latin avant tout, Bac voulait libérer les jardins, obligatoirement français ou anglais, du corset traditionnel pour jouer avec les couleurs et les parfums. L’histoire de l’influence de ces textes et conférences reste à écrire. Le régime de Vichy interdit son livre sur Offenbach, les Allemands brûlèrent en 1944 l’ensemble de ses papiers, comme
si ce pur produit de la civilisation la plus raffinée avait dû souffrir aussi l’assaut de la barbarie, avant
de mourir seul et désabusé.

- Ferdinand Bac, Livre-Journal 1919, édition établie, préfacée et annotée par Lawrence Joseph, éd. Claire Paulhan, 200 F.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°527 du 1 juin 2001, avec le titre suivant : Ferdinand Bac, Livre-Journal 1919

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