musée

L’étoffe de Gérard Uféras

L'ŒIL

Le 1 juin 2001 - 274 mots

« Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves », écrivait Shakespeare dans La Tempête. Les rêves de Gérard Uféras, photographe reporter, naissent en noir et blanc. « Car la couleur est bavarde. Le noir et blanc conserve le propos, maintient la distance, emporte en voyage », dit-il à propos des images qu’il a faites lors d’une très longue escapade au royaume des corps et des étoffes, dans les coulisses des défilés de mode là où, comme l’écrit très joliment Christian Lacroix, préfaçant le livre qui sort au même moment que l’exposition : « Il saisit au millimètre près la presque ultime phase de nos collections, le passage du noir et blanc à la lumière, la traversée du miroir-écran... ce “ no man’s land ” plein de battements, de pulsations saccadées... ». Des images d’instants volés de vie ou de repos, de tensions palpables à l’œil et de détente, pleines de fous rires. La femme y est femme sous tous ses aspects, fragile, mise à nue avec tendresse, naturelle dans la sophistication, émouvante, abandonnée, généreuse. Bref, tout ce qu’elle abandonnera lorsqu’elle défilera sur le podium telle une poupée mécanique. Les cadrages sont subtils, utilisant la diagonale, jouant de l’énigme en isolant certains détails. Les tissus tombent et se relèvent dans des bouquets de drapés, des corolles de nœuds, des boursouflures de plis. La vie, toujours la vie et ses clins d’œil sous toutes ses formes. La composition n’empêche pas l’émotion. Pas étonnant que le photographe préféré de Uféras soit André Kertész.

- PARIS, Musée de la Mode et du Textile, 107, rue de Rivoli, tél. 01 44 55 57 50, 27 avril-26 août.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°527 du 1 juin 2001, avec le titre suivant : L’étoffe de Gérard Uféras

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