musée

Laurie Anderson, paroles et musique

L'ŒIL

Le 1 avril 2002 - 376 mots

« post-moderne » des années 80, jusqu’à Raft, sa dernière pièce créée spécialement pour l’exposition. Arrivée à New York en 1966, Anderson s’est formée auprès de Sol Lewitt avant de trouver sa voie au sein d’une nouvelle génération d’artistes (celle de Vito Acconci), qui a fait du discours autobiographique un outil de critique sociale. L’éducation musicale de son adolescence fait surface dès les années 70, lorsqu’elle utilise le violon dans son action de rue Duet on Ice (1974) puis dans ses premières œuvres multimédia, où des projections filmiques, la musique et les accessoires entrent en écho avec une narration hachée. Explorant les zones de friction entre la performance corporelle et la « mémoire » électronique, elle crée bientôt des instruments hybrides qui comptent parmi les expérimentations significatives de l’époque : le Violonograph (1976), platine montée sur un violon, dont l’interprète peut jouer en posant une aiguille fixée à l’archet, et le Tape Bow Violin (1977), où une bande magnétique tendue sur l’archet glisse contre une tête de lecture remplaçant les cordes. Dans sa célèbre pièce Handphone Table (1978), le spectateur peut entendre un enregistrement musical à travers les os de ses avant-bras. Avec nombre de performances des années 80, Anderson fait de son propre corps une caisse de résonance : elle utilise des micros de contact pour amplifier une chorégraphie minutée de chocs et de frottements. C’est aussi à ce moment que son travail rencontre un plus vaste public : O’Superman, son premier album enregistré en 1981 auprès d’un label industriel intègre la culture rock. United States, monumental cabaret électronique présenté pour la première fois en 1983, marque une théâtralisation de la performance : l’artiste y construit une mise en miroir des grands mythes américains et de leurs instruments médiatiques. L’esprit fortement scénographique qui nourrit le travail d’Anderson est rendu dans l’exposition de Lyon par l’installation in situ des objets et accessoires de son œuvre sur fond noir, en regard de films et de dessins crayonnés à même le mur. Le catalogue restitue cette hybridation spectaculaire dont l’artiste constitue le seul centre : un long texte inédit d’Anderson jouxte un enregistrement de ses expériences sonores.

- LYON, Musée d’Art contemporain, 81, Cité internationale, Quai Charles de Gaulle, tél. 04 72 69 17 18, 5 mars-18 mai.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°535 du 1 avril 2002, avec le titre suivant : Laurie Anderson, paroles et musique

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