série

Johnny Staccato, détective et exorciste

L'ŒIL

Le 1 avril 2002 - 264 mots

Cineclassics, en un « staccaton » de trois nuits, vendredi 5, samedi 6, dimanche 7 avril, montre tout Johnny Staccato, 27 épisodes dont quatre inédits. John Cassavetes dans le rôle-titre, le jazz, New York omniprésent firent vers 1960 et après le succès du pianiste du Waldo’s. Mais aujourd’hui, les séries appellent d’autres regards : on y cherche d’abord une solide loi de répétition, un rutilant moteur. L’amitié ici fait tourner la machine – comme en chaque série peut-être. Saxo à qui la cocaïne a retiré tout swing, décoré de Corée malade de jalousie, pianiste qu’on fait chanter, jeune barman déterminé, après une rupture, à nettoyer la ville de toutes ses blondes, douce demoiselle aux abois, mais trop câline pour n’être pas garce, sont les héros ou les victimes d’affaires où la formule, « I’m your friend, remember ! », pèse d’un poids toujours décisif. Partout où la police piétine, Johnny triomphe en 24 minutes : c’est qu’une irrésistible empathie le fait s’identifier à son client et ami, qui crache alors très vite le morceau de son délire. On sait que toute série se donne un théâtre, hôpital aussi bien que cabinet d’avocats, sur lequel la société défile et espère guérir. Dans Johnny Staccato, l’unique théâtre est Staccato lui-même, détective et exorciste. A chaque épisode, il est quelqu’un d’autre, puis à nouveau personne, poor old Johnny boy, une maigre silhouette dans New York, un murmure off. Il faut voir, admirer la nervosité souvent méchante de Cassavetes pour comprendre à quelle précaire santé condamne cette demi sainteté où alternent quotidiennement ressemblance à tous et pur anonymat.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°535 du 1 avril 2002, avec le titre suivant : Johnny Staccato, détective et exorciste

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