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La magie des îles

L'ŒIL

Le 1 juin 2002 - 375 mots

L’Insulinde est un arc de cercle parsemé de milliers d’îles : Flores, Sulawesi, Kalimantan, Tanimbar... Dans cette région peu connue de l’histoire de l’art vivent des peuples archaïques très attachés aux objets sacrés. Qu’il s’agisse de statues funéraires tau-tau, de colliers d’or en croissant de lune ou de sabres guerriers décorés d’amulettes, ils les utilisent pour revendiquer leur position sociale ou établir le contact avec les esprits de l’au-delà. Parmi les 250 pièces ethniques présentées à la Mona Bismarck Foundation se distingue une étonnante parure d’or cannelé de l’île de Nias. Fine comme du papier, elle représente les cinq arbres cosmiques de l’ordre universel. Comme la plupart des bijoux du Sud-Est asiatique, elle véhicule des coutumes ancestrales et des croyances imprégnées de magie, à l’exemple de ce collier talisman réalisé en vertèbres de serpent censé protéger les femmes de la foudre ou de cette bague divinatoire surmontée du grand coq des sacrifices rituels. Les objets de conjuration font partie du quotidien des peuples primitifs : les porte-bébés sont ornés de motifs prophylactiques, les colliers kalabubu servent à protéger la vaillance des chasseurs de têtes et les demeures de jeunes couples conservent très souvent de petites figurines de laiton pour éloigner tout risque de stérilité. Beaucoup de bijoux sont en or et utilisés pour renforcer les alliances matrimoniales. A côté de ces ornements d’orfèvrerie précieux, l’exposition présente des tissus de cérémonie en coton brodé de fils d’or et des vêtements plus modestes fait en fibres de bananier ou même en écorce battue comme ces jaquettes réalisées par les habitants de Bornéo.
De nombreuses pièces combinent d’étonnants matériaux : collier d’homme tora-tora fait en défenses de sanglier, peignes féminins en écailles de tortues, immenses boucles d’oreilles taillées dans le bec rouge d’un calao... L’ensemble surprend non seulement par la variété des motifs mais aussi par la modernité de certains objets comme ces pendentifs triangulaires de l’Ile de Flore ou ce peigne en bambou stylisé du centre des Moluques. En parcourant ces trésors sacrés, on regrette simplement de n’avoir aucune datation, mais il semblerait que les gens des îles ne se soient jamais attachés à ce genre de détails...

- PARIS, Mona Bismarck Foundation, 34, av. de New York, tél. 01 47 23 38 88, 11 avril-29 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°537 du 1 juin 2002, avec le titre suivant : La magie des îles

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