centre d’art

Filliou and co au Plateau

L'ŒIL

Le 1 mars 2002 - 436 mots

Le Plateau, nouvel espace d’art contemporain situé aux Buttes-Chaumont, avait ouvert le 17 janvier pour seulement quatre jours. Ceux qui s’y précipitèrent le soir du vernissage et ne purent y rentrer vu l’affluence, auraient mieux fait d’attendre sagement la première véritable exposition qui commence le 7 mars avec un hommage à l’artiste Robert Filliou. L’adepte du « tout est art », l’abolitionniste des frontières entre l’art et la vie, se définissait comme « un animateur de pensées » et concevait « les œuvres d’art comme un échange de nourriture », prônant ainsi un art participatif et anticipatif. Il avait ainsi mis au point des dispositifs pour que sa propre expérience artistique puisse être enrichie par d’autres initiatives. Restant fidèle à cette liberté d’esprit, Sylvie Jouval, commissaire invitée de l’exposition, a choisi non pas de présenter une rétrospective de l’artiste, mais plutôt de « fragiles correspondances » entre son œuvre et les processus qui la sous-tendent et les créations passées ou actuelles de 14 artistes. Ce choix répond aux vœux d’Eric Corne, artiste et co-directeur du Plateau avec Bernard Goy, directeur du Frac Ile-de-France, d’associer les lieux à l’esprit libertaire, humaniste et humble de Robert Filliou. Les travaux présentés soulignent donc tour à tour l’art qui s’immisce dans les petites perturbations de la vie quotidienne (André Cadere, Robert Filliou, IXKIZIT, Bruce Nauman, Marie Legros, Till Roeskens...), les signes bien réels, les infimes différences qui parfois nous échappent (Harun Farocki, Hans Jürg Kupper, Francisco Ruiz de Infante...), prouvant que « l’art peut être le vecteur d’une nouvelle prise de conscience de l’impersonnel comme du personnel, du général comme du particulier, du subversif comme du merveilleux », précise Sylvie Jouval. Ils démontrent également que l’art peut aussi se déplacer des sphères artistiques vers le domaine public ou privé, que ce soit par son aspect éphémère (Les Acolytes de l’art, Gordon Matta-Clark...) ou sa propension à être transportable (Santiago Reyes, Dana Wyse...). Ceci dans l’esprit du « Principe d’Equivalence : bien fait-mal fait-pas fait » de Robert Filliou qui posait là les bases de l’inachèvement de la création en prolongeant l’acte artistique à la création permanente de l’univers. On assiste ainsi selon le point de vue que l’on adopte à une « banalisation » de l’art ou à une poétisation de la vie.
Enfin, les différents artistes s’essayent également à de nouveaux modes de communication, plus ludiques, renouant ainsi avec le principe de plaisir (Filliou, Wyse), s’évertuant à tisser de nouveaux réseaux, explorant la notion de la transmission.

- PARIS, Le Plateau, 33, rue des Alouettes, tél. 01 53 19 88 10, 7 mars-1er juin, cat. éd. Artlys, 50 p.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°534 du 1 mars 2002, avec le titre suivant : Filliou and co au Plateau

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