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Lambert-Rucki : la couleur devenue sculpture

L'ŒIL

Le 1 mars 2002 - 369 mots

On a dit de l’œuvre de Lambert-Rucki « qu’elle ne demande pas à être expliquée, ni commentée ». Depuis 1988, plusieurs expositions ont permis au public de découvrir ces créations poétiques qui empruntent le chemin bordé d’humour du cubisme surréaliste. Aujourd’hui, l’artiste a trouvé sa place parmi les grands du XXe siècle. Il revient de loin ! En 1971, lorsque surgit dans une vente à Drouot l’atelier Jean Lambert-Rucki, l’homme, disparu en 1967, est quasi inconnu. On sait qu’il a été dans les années 20 le « nègre » de Dunand mais considérant les laques comme un travail décoratif, il a refusé de les signer. Les amateurs ne sont pas nombreux et les enchères misérables : moins de 200 F parfois pour culminer à 1 550 F (à multiplier par 5,5 environ pour une valeur en francs constants). Jacques de Vos, qui présente aujourd’hui les œuvres sculptées et peintes de l’artiste, se souvient : « J’étais fasciné, je me suis dit : une œuvre aussi originale, ça ne ment pas. » Sans un sou, le jeune galeriste enrage et achète, à crédit, une seule pièce. 30 ans plus tard, le 20 novembre dernier, le marteau tombait à 126 644 euros, record mondial, sur un totem de ce Polonais, géant blond, venu à Paris en 1911 où il avait retrouvé d’autres pèlerins de l’Europe de l’Est comme Soutine et Kisling et partagé un temps l’atelier de Modigliani. Entre ces deux dates, Jacques de Vos n’a cessé de retrouver, rassembler, étudier peintures et sculptures, publiant le catalogue raisonné en 1988. Deux ans plus tard, le marchand fait le pari de l’Amérique. Voilà Lambert-Rucki à New York, à la Soufer Gallery sur Madison et les Américains s’emballent. L’exposition de ce printemps est consacrée plus précisément aux bronzes polychromes. Ils marquent la période du milieu des années 30 et les années 40. Pourquoi la couleur sur une sculpture ? De Picasso à Dubuffet en passant par Laurens et Liptchitz, d’autres artistes y ont eu recours. « Pour moi, a écrit Laurens, il s’agissait de faire en sorte que la sculpture eût sa propre lumière ». Celle de Lambert-Rucki n’en manque pas.

- PARIS, galerie Jacques de Vos, 7, rue Bonaparte, 22 mars-20 avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°534 du 1 mars 2002, avec le titre suivant : Lambert-Rucki : la couleur devenue sculpture

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