Sillages de beauté

L'ŒIL

Le 1 mars 2002 - 236 mots

Qu’aurions-nous su des années 60 sans David Bailey ? Il fut le chantre du swinging London, le portraitiste – pour ne pas dire le propagandiste – des Rolling Stones à leurs débuts, bref un membre à part entière de la révolution pop. Cette image, cette légende, il voudrait bien les oublier aujourd’hui, et ne plus retenir l’attention que pour la verve semble-t-il inépuisable de son talent de photographe de mode. D’ailleurs, tournant le dos à son style en clair-obscur, à cette sublime matière de noir et blanc contrasté qui établirent sa réputation, le voici proposant un ouvrage tout en couleur, reflet de son travail pour les pages du Vogue anglais. De sa folle jeunesse rock’n’roll, Bailey a conservé une pointe d’ironie, un art du pied de nez, qui doivent ravir ses lectrices, habituées à des poses plus guindées. Ignorant que derrière le masque de la légèreté se dissimule un homme angoissé, obsédé par la mort, la décomposition, la flétrissure, l’impermanence de la beauté. Cette fragilité sur le fil du rasoir est admirablement servie par des modèles magnifiques. Elles sont, l’une après l’autre, entrées dans le jeu du photographe au point d’en faire leur compagnon, manipulateur ou simple témoin. Pour la première fois enfin, notre homme révèle à travers ce livre un autre talent, la peinture, qu’il exerce avec une belle fougue expressionniste.

- David Bailey, Sillages de beauté, éd. de La Martinière, 224 p., 57 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°534 du 1 mars 2002, avec le titre suivant : Sillages de beauté

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