musée

L’architecture et autres avatars

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 novembre 2002 - 394 mots

Pas moins de cinq lieux ont répondu présent à la nouvelle édition de Version, laboratoire de réflexion sur les interactions fructueuses entre l’architecture, l’art, les lieux d’exposition et les nouvelles technologies. Même si la proposition suisse a un arrière goût d’Archilab, « la » manifestation française en terme d’architecture, l’inquiétude est dissipée lorsque l’on explore le choix des cinq commissaires invités. La proposition de l’architecte et critique d’art Nikola Jankovic – la première a ouvrir le bal en septembre – donne le ton en invitant à investir des images synthétiques conçues par le gratin du virtuel architectural contemporain. La cuvée 2002 de Version s’affirme donc par son non respect des conventions et l’hybridation, préférant le prospectif au pragmatique comme l’annoncent les autres volets de l’Image habitable. Au Mamco, Liam Gillick confronte sa réflexion cérébrale tandis que le collectif italien Gruppo A12 investit de mille manières l’espace d’Attitudes. La version D cherche à brouiller les esprits en traçant des chemins oscillant entre imaginaire et réalité à travers des images de synthèse hyperréalistes et des mondes fictifs inventés par une sélection pointue et alléchante de six jeunes artistes. Sven Pahlsson nous embarque dans la visite d’une banlieue américaine typique créée dans son film Sprawlville, un bijou technologique en 3D à la réalisation virtuose qui offre une ballade aux confins du réel. Autre croisière certainement plus ludique, la promenade de la propriété de poche conçue par l’Américaine Andrea Zittel, sorte de croûte beige flottante peu attrayante de 44 tonnes, le « prototype pour un habitat vivable ». Elle en a fait un film, ode au nomadisme et enquête sur la notion de propriété privée, montrant le fonctionnement de ce qui n’est ni « un morceau de terre, ni une maison, ni un véhicule, mais les trois à la fois ». Cette utopie mêlée de bon sens guide le regard jusqu’à l’onirisme troublant du dernier film de Zilla Leutenegger (Forum Hotel), voyage lunaire et enfantin de la jeune étoile suisse. Conception et perception d’un espace dépassent désormais les simples maquettes, plans, photographies ou installations pour se matérialiser dans l’artificiel, s’affranchir du physique et de la réalité. La difficulté reste alors d’exposer ce nouveau monde que nous réservent tous ces artistes. C’est là le pari que semble relever cette version genevoise.

- GENEVE, Saint-Gervais-Centre de l’Image contemporaine, 5, rue du Temple, tél. 22 908 20 00, 1er septembre-15 décembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°541 du 1 novembre 2002, avec le titre suivant : L’architecture et autres avatars

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