musée

Bon public

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 novembre 2002 - 325 mots

Depuis Duchamp, qui lui a conféré une position déterminante, jusqu’à L’art Contextuel de Paul Ardenne, la question du public a toujours motivé des réflexions passionnantes et essentielles. Le public, la responsabilité de l’art et ses artistes, occupent bien entendu une place de choix dans la démarche de la cinquantaine d’artistes internationaux rassemblés au Kunsthaus pour « Public Affairs » autour d’une définition assez générale du nom. Du public compris comme le spectateur, en passant par la collectivité, l’opinion publique et politique, l’exposition offre un panorama un peu fourre-tout de l’ensemble des acceptions et des interrogations comprises dans ce terme. « De Beuys à Zittel : la dimension publique dans l’art » laisse augurer un programme vaste et évasif. Doit-on s’attendre à de l’art public comme les deux noms d’artistes pourraient le laisser présager ? Apparemment pas. Même si l’on retrouve quelques spécialistes du genre fétiche des années 1970 comme le sculpteur d’architecture Gordon Matta-Clark, Christo, Jenny Holzer, Ben Vautier, les « performeuses » provocatrices Carolee Schneeman et Valie Export, l’exposition ne verse pas non plus dans le nostalgique du « on n’a rien fait de mieux ». Cette base historique trouve d’ailleurs son extension la plus convaincante et la plus assumée avec le fleuron de l’art relationnel, le Thaïlandais Rirkrit Tiravanija qui présente un salon de thé propice à la communauté d’esprit. Le choix des modules habitables d’Andrea Zittel se comprend aisément, tout comme ceux de Thomas Hirschhorn, ou du jeune Suisse Cornel Windlin à qui l’on doit un « J’aime l’obsession » peint sur une usine à la façon des tee-shirts « I love New York ». Certains choix comme celui de Sarah Morris ou Richard Prince sont quant à eux paradoxaux, reste à les voir présentés parmi les collections permanentes du musée. Provocation ? Plutôt une manière perspicace de souligner le rôle du musée dans la constitution d’un public.

- ZURICH, Kunsthaus, Heimplatz 1, tél. 1 253 84 84, 13 septembre- 1er décembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°541 du 1 novembre 2002, avec le titre suivant : Bon public

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