Ars nigra , la manière noire : malgré la beauté du nom, qui suggère quelque opération alchimique, cette technique de gravure doit tout d’abord être prosaïquement éclaircie. Elle implique de préparer la plaque en la grainant entièrement, c’est-à-dire en la criblant d’une infinité de petits trous qui retiennent l’encre sur la totalité de la surface. Ensuite, on polit les parties qui doivent être plus claires, à l’aide du brunissoir. Ces parties arasées à des degrés divers retiennent plus ou moins d’encre selon le niveau de lumière que l’on veut obtenir. On fait donc apparaître l’image en enlevant du noir. La manière noire, aussi appelée « mezzotinto » pour sa capacité de produire toute la gamme des gris, fut inventée en 1642 par l’Allemand Ludwig von Siegen, puis importée en Angleterre. Contrairement aux autres techniques de taille douce qui font apparaître les traits en noir sur le blanc du papier, cette manière dite aussi « anglaise » joue à merveille sur le contraste tonal et l’effet pictural. « Elle est fort propre, écrit Gérard de Lairesse en 1787, à représenter le portrait, les effets de nuit et d’une lumière artificielle, les phantômes, les enchantements, les plantes, les fleurs... » Mais « elle manque de fermeté ; ce qui fait qu’elle n’est pas bonne pour l’histoire... » Elle fut idéale, en tout cas, et amplement utilisée pour la gravure d’interprétation. L’exposition présente un florilège de la collection du musée, qui compte 400 pièces.
- CAEN, Musée des Beaux-Arts, Le Château, tél. 02 31 30 47 70, 9 novembre-10 février.
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Lumières et manière noire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°541 du 1 novembre 2002, avec le titre suivant : Lumières et manière noire