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Les nuits transfigurées d’Halinka Mondselewski

L'ŒIL

Le 1 novembre 2002 - 247 mots

Pris de « vertige visuel » devant une réalité multiple et éphémère sur laquelle il n’a pas de prise, le peintre, nous dit Halinka Mondselewski, ne peut se satisfaire de « la vue bienheureuse du voyant ». Il « cherche à peindre l’insondable, comme l’aveugle voit avec sa peau et ses rêves ». « Yeux dedans/ yeux dehors » : cette dialectique de la vision explique peut-être la présence fréquente de lignes de partition, horizontales ou verticales, que l’on pourrait interpréter comme le développement formel d’un thème originel : le trait des paupières closes. Avec à l’intérieur la prunelle flottante, réduite à son souvenir des lumières. L’alternance de zones sombres, plus claires, ou incandescentes, cette ordonnance formelle est toujours « habitée », il y a là une présence indécise, un « objet » aux contours indéterminés mais ayant sa propre luminescence. Météore de brume, poignée d’air bleu ou de cendres roses, boule de sang, quelque chose se tient là en suspension, n’en finit pas de disparaître, entre le voir et le non-voir, qui donne l’échelle, la mesure de l’insondable. C’est une figure sans nom jaillie des abysses de la mémoire, et qui réveille d’anciennes terreurs. La peinture prend sans doute ici valeur d’exorcisme, par la quête obsessionnelle des qualités dont sont investies matière et couleur, jusqu’à la transfiguration : lorsqu’en un ton voilé vibre doucement une lumineuse tendresse.

- NANTERRE, galerie Villa des Tourelles, 9, rue des Anciennes-Mairies, tél. 01 41 37 94 53, jusqu’au 7 décembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°541 du 1 novembre 2002, avec le titre suivant : Les nuits transfigurées d’Halinka Mondselewski

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