Festival - Mode

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Jean-Pierre Blanc donne carte blanche aux jeunes créateurs

Par Dominique Paulvé · L'ŒIL

Le 1 mai 2002 - 672 mots

C’est dans cette « petite maison facile à habiter » commandée à Mallet-Stevens par Charles et Marie Laure de Noailles en 1923 qu’à lieu en ce moment le Festival international des Arts de la Mode à Hyères.

Cette généreuse initiative est venue en 1986 à l’esprit de son instigateur, Jean-Pierre Blanc, passionné par la couture, afin d’aider les jeunes créateurs à se faire connaître, et, dans le même temps, de faire découvrir au grand public la ville d’Hyères et la Villa Noailles, inscrite aux Monuments historiques depuis 1977. A la fin de ses études de commerce, comme il travaillait avec un styliste installé dans le Var, il a eu l’idée de faire sortir de l’ombre des gens totalement inconnus. Le monde de la mode a la réputation d’être difficile d’accès : difficile de rencontrer des gens importants, difficile d’obtenir des rendez-vous... Avec ce festival, les contacts se nouent tout naturellement entre les stylistes et les gens de la profession. Fasciné par les innovateurs des années 80 – Mugler, Alaïa, Gaultier ou Montana – Jean-Pierre Blanc a toujours défendu l’idée que les couturiers sont des artistes et qu’on peut leur donner la liberté de créer en dehors des servitudes commerciales, d’une manière profitable, pour eux et pour le public. Quatre fois par an, d’importantes expositions sont organisées pour montrer également le travail de jeunes designers, photographes et photographes d’architecture, essentiellement français comme les Radi Designers, les frères Bouroullec ou Bernard Plossu. A la rentrée, Bernard Plossu accrochera ses photos prises tout au long de la réhabilitation de la villa, puis Ingo Maurer ses recherches sur la lumière. Pour Jean-Pierre Blanc, le but de ces festivals est de donner carte blanche à certains créateurs qui peuvent ainsi laisser courir sans contrainte leur imagination, et faire partager leurs recherches, tant dans les formes que dans les matières. Côté mode, après avoir présenté un dossier de leur travail à un concours lancé de septembre à décembre dans les écoles du monde entier, ils sont sélectionnés par un jury constitué de professionnels. Côté photo et design, c’est bien sûr la créativité qui prime et le plaisir de la découverte. Certains participants sont déjà intégrés à des entreprises, et ont envie de démarrer leur propre carrière : le festival les y aide.


« Ces invitations représentent tout d’abord une formidable aventure humaine », constate Jean-Pierre Blanc. « Elle est partagée avec des gens, souvent bénévoles ou peu rémunérés, qui donnent leur temps et leur énergie pour ouvrir les portes de la villa Noailles à ces créateurs. C’est l’enthousiasme de l’équipe qui nous motive, et le fait de voir que, tant du côté des participants que du public l’internationalité devient de plus en plus importante. C’est un moment fort pour ceux qui viennent, et souvent les artistes deviennent des amis. » Quel lieu plus approprié que cette villa et ce jardin cubistes, imaginés par des mécènes avant-gardistes, aurait pu accueillir ces inconnus talentueux, parmi lesquels se trouvent les grands artistes de demain ? Avec respect et passion par rapport à cette maison, reflet de la vie d’un couple sulfureux tourné vers la créativité et la modernité, le festival poursuit l’œuvre des Noailles. Et tandis que les pendules de Francis Jourdain rappellent que le temps passe trop vite, les talents à découvrir comme en leur temps Hoyningen-Huene ou Dora Maar sont exposés dans la piscine intérieure, là où, vêtus d’un identique costume de bain rayé bleu et blanc, les invités des Noailles étaient les acteurs éphémères d’un film réalisé par Jacques Manuel... Pour la plus grande joie de Jean-Pierre Blanc, Marie Laure, qui s’habillait des créations surréalistes de Schiaparelli et était photographiée par Man Ray, choisirait certainement aujourd’hui des vêtements comme ceux de Viktor et Rolf...

- HYERES, XVlle Festival international des Arts de la Mode, Villa Noailles : « 12 jeunes stylistes », « 10 jeunes photographes », 26-30 avril, Tour des Templiers, place Massillon, « L’Illustration de mode », 26 avril-16 juin et Rencontres internationales du Textile et de l’Habillement, Forum du Casino et Villa Noailles, 28-29 avril.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°536 du 1 mai 2002, avec le titre suivant : Jean-Pierre Blanc donne carte blanche aux jeunes créateurs

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