centre d’art

Honegger, libre et lumineux

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 septembre 2002 - 322 mots

Maintenant qu’il a passé la main et ne s’occupe plus de la programmation de l’Espace de l’Art concret à Mouans-Sartoux, Gottfried Honegger dispose de tout son temps. Il a fait de cet espace un lieu d’éveil pour les enfants, des hordes de gamins y font l’apprentissage du merveilleux artistique, et lui peut aujourd’hui s’occuper pleinement de sa propre création. Aujourd’hui que la collection d’art concret qu’il a constituée avec Sybil Albers Barrier et dont ils ont fait don à l’Etat français va bientôt y trouver sa place dans un bâtiment tout spécialement construit à cet effet, Gottfried Honegger peut repartir à zéro. C’est d’ailleurs ce qu’il semble avoir fait à Saumur. Comment le dire autrement face à cette invasion de la couleur et de la lumière qu’orchestre là un artiste de 85 printemps ? Sans rien abandonner de l’intelligence radicale et rigoureuse qui caractérise sa démarche depuis tant de décennies, Honegger nous offre une véritable fête des yeux et de l’esprit. Deux types d’œuvres composent ses nouveaux travaux, tous qualifiés d’« objets », comme pour mieux insister sur le principe de distanciation de leur fabrication industrielle. Ce sont, d’une part, des sortes de bas-reliefs graphiques – rectangulaires, circulaires ou arqués – composés de l’association de modules colorés jouant des variations de la lumière ; d’autre part, des constructions linéaires qui s’avancent dans l’espace en de multiples jeux d’angles et d’arcs découpés. Quelque chose d’une liberté nouvelle est ici à l’œuvre qui s’offre le luxe de la simplicité, du ludique et du merveilleux dans cette façon qu’ont toutes ces pièces d’irradier l’espace tout en le mesurant, en le structurant et en le réglant. D’autant que ces « objets » réclament de ceux qui les découvrent d’entrer dans leur jeu propre, c’est-à-dire d’éprouver leur sublime paradoxe d’être à la fois férocement matériel et étrangement immatériel.

- SAUMUR, Centre d’Art contemporain Bouvet-Ladubay, 11, rue Jean Ackermann, tél. 02 41 83 83 83, 29 juin-20 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°539 du 1 septembre 2002, avec le titre suivant : Honegger, libre et lumineux

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque