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Millet en Auvergne

L'ŒIL

Le 1 septembre 2002 - 261 mots

« Millet sut mieux que personne saisir l’harmonie de l’homme et d’un milieu, ces êtres si bien adaptés à leur fonction, et depuis si longtemps, qu’ils semblent sortis de la terre comme un arbre ou comme un rocher, ces paysages enfin, élargis par leurs travaux, ces paysages-paysans, voilà le génie de Millet ». En une phrase, l’historien Henri Focillon a magnifiquement saisi l’esprit d’une œuvre et son évolution. Les séjours en Auvergne que Jean-François Millet (1814-1875) effectue durant les étés 1866, 1867 et 1868, sont pour beaucoup dans l’évolution finale de sa peinture. Millet est alors au sommet de son art. Il apparaît comme le principal représentant d’un « naturalisme paysan » qui a d’abord choqué pour ses implications politiques. Gambetta verra dans l’Angelus (peint en 1855-57) « une leçon de morale sociale et politique ». Mais cette peinture austère, où les gestes immuables de la vie paysanne acquièrent une grandeur biblique, commence à séduire. Millet obtient une médaille « de première classe » à l’Exposition Universelle de 1867. Lors de ses séjours répétés en Bourbonnais, il s’intéresse bien sûr aux activités humaines (études de chevrières filant la quenouille), mais aussi et surtout au paysage. En témoignent les nombreux dessins et aquarelles présentés dans cette exposition. Ce sont, pour reprendre les mots de Focillon, des « paysages-paysans », représentations d’une nature très humanisée, mais transcendée par la lumière et la couleur, et annonciateurs des grands paysages de la fin, comme le merveilleux Printemps de 1868-73.

- CLERMONT-FERRAND, Musée d’Art Roger-Quillot, place Deteix, tél. 04 73 16 11 30, 12 juillet-29 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°539 du 1 septembre 2002, avec le titre suivant : Millet en Auvergne

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