musée

Le monde polymorphe de Dubuffet

L'ŒIL

Le 1 septembre 2002 - 358 mots

L’Alsace et le Périgord commémorent le centenaire de Jean Dubuffet. Le Musée d’Unterlinden de Colmar propose d’éclairer l’expérience théâtrale de l’œuvre tandis qu’estampes, dessins, peintures et sculptures sont présentés en Dordogne. Coucou Bazar est une étape essentielle de L’Hourloupe, les personnages nerveux inventés par Dubuffet (L’Hourloupe se réfère à l’ordre optique : loupe et, par assonance, à l’entourloupe). Ces caractères aux noms fabuleux de « Crado la Frégate », « Paumé la Délabre », « Grand Malotru » ne sont pas loin des déambulations du « Monsieur Plume » de son ami Henri Michaux. Dans sa conception d’art total en harmonie avec le théâtre contestataire des années 70, Dubuffet, véritable Gepetto du XXe siècle, ira jusqu’à animer son monde rayonnant. C’est un immense chantier : scénario, musique, voix enregistrées... Ce grand bal de L’Hourloupe qui se danse au ralenti se compose de marionnettes géantes anthropomorphes et zoomorphes qui accomplissent l’idéal romantique d’un Dubuffet-Frankestein donnant vie à ses créatures. Ce monde magnifique s’anima trois fois, en 1973 à l’auditorium du Salomon R. Guggeneheim de New York, puis au Grand Palais à Paris, et enfin à Turin.
A Colmar, Sylvie Lecoq présente vidéo, dessins, sculptures, praticables, combinaisons, figures, sujets, masques avec la minutie d’une reconstitution policière. L’enquête expose tous les témoins, et toutes les pièces à conviction, à commencer par la récente acquisition du musée : Don Coucoubazar, un assemblage de tôle peinte au polyuréthane, composé d’un manteau d’homme, un chapeau et un masque. Depuis les années 60, Dubuffet avait entrepris ses premières sculptures en polystyrène expansé, peintes au vinyl. Au paradis de L’Hourloupe, des pièces rayées de bleu et rouge s’emmêlent dans un graphisme arbitraire. Dubuffet avec Coucou Bazar va jusqu’à créer l’environnement personnel et la propre architecture de ce monde polymorphe à la couleur de pierre de lune. L’étude présentée au musée via des coupures de presse, des photographies d’époque, dont une de Lucette Destouches mannequin dans le costume de « Bibi Cosmétique » ou de « Marie Tremblote », font découvrir un Dubuffet créateur boulimique à cheval sur l’interprétation de l’œuvre.

- COLMAR, Musée d’Unterlinden, 1, rue d’Unterlinden, tél. 03 89 20 15 58, 29 juin-20 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°539 du 1 septembre 2002, avec le titre suivant : Le monde polymorphe de Dubuffet

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