musée

Les collisions d’images de Rauschenberg

L'ŒIL

Le 1 septembre 2002 - 392 mots

L’exposition « Robert Rauschenberg, les dix dernières années », présentée au Musée Maillol, est la première manifestation d’envergure consacrée en France à ce pilier de la création contemporaine. Né au Texas en 1925, Robert Rauschenberg fait partie de ces privilégiés qui étudièrent au Black Mountain College en Caroline du Nord. Il y eut comme professeur Joseph Albers, figure emblématique du Bauhaus et se lia d’amitié avec Merce Cunningham, John Cage et David Tudor. Il participa ainsi avec les deux premiers à la Theater Piece N°1, considérée comme le premier happening de l’histoire de l’art. Cette expérience devait avoir des incidences sur son style pictural ; l’espace du tableau fonctionnant désormais pour lui comme un lieu d’action ! Des peintures blanches (All White, 1952), aux peintures rouges (1953), dans lesquelles il incorpore du papier journal et du tissu imprimé, il passe en 1954 à des assemblages d’éléments hétérogènes (papier mural, cordes, oiseaux empaillés) bientôt appelés Combine paintings. Il s’agit désormais d’objets à mi-chemin entre la peinture et la sculpture. Après 1960, l’artiste utilise l’impression sérigraphique pour fixer sur la toile des images de l’actualité contemporaine ou des reproductions de tableaux célèbres comme la Vénus au miroir de Vélasquez qui donne lieu à une œuvre intitulée Bicycle (1963). Si les œuvres récentes de Rauschenberg sont aujourd’hui exposées au Musée Maillol, c’est parce qu’il eut comme maître à penser Marcel Duchamp et que le musée possède un important fonds de l’auteur de l’Urinoir. Il est en effet l’artiste américain qui aurait le plus expérimenté sa pensée sur la fonction d’un art non rétinien et sur les lois du hasard. L’exposition prend comme point de départ la série Synapsis Shuffle (1999), qui, constituée de 52 panneaux monumentaux, fonctionne comme un jeu de cartes. 12 joueurs tirent au hasard leur agencement en 12 ensembles différents, chaque présentation de la série donnant lieu à un happening qui préside au sens que va prendre l’accrochage. Les collages, montés sur des panneaux métalliques, démontrent une complexité toujours plus grande des techniques et des médiums employés dans son œuvre. La deuxième partie de la manifestation est constituée par des pièces extraites des séries Boréalis (1990-92), Night Shades (1991), Arcadian Retreat (1996) ou Urban Bourbon (1992) où préside toujours l’idée de la simultanéité des perceptions.

- PARIS, Musée Maillol, 61, rue de Grenelle, tél. 01 42 22 59 58, 6 juin-14 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°539 du 1 septembre 2002, avec le titre suivant : Les collisions d’images de Rauschenberg

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