États-Unis - Art ancien

Washington en campagne

Par Renaud Faroux · L'ŒIL

Le 1 janvier 2003 - 415 mots

Le portrait de George Washington, surnommé le Lansdowne portrait, est un trésor national récemment acquis par les États-Unis.

L’œuvre fut commandée à Gilbert Stuart en 1796 par le sénateur britannique, le marquis William Bingham, farouche défenseur de la cause américaine. Le tableau est resté exposé à la Lansdowne Mansion de Londres jusqu’en 1805. Ensuite le portrait passa de main en main pour être enfin accroché à la Dalmey House en Écosse.

Le Lansdowne portrait n’a voyagé aux États-Unis que trois fois depuis sa création. L’été 2001, l’image du père de la nation américaine est enfin achetée pour la National Portrait Gallery de Washington D.C. grâce à un don de 30 millions de dollars de la fondation D. W. Reynolds de Las Vegas.

Gilbert Stuart, brillant peintre américain, fut élève de Benjamin West à Londres. Sa production compte près de 1 000 portraits de juristes, hommes politiques, diplomates avec femme et enfants. Il eut un succès comparable à celui de Gainsborough ou de Reynolds.

L’attitude conquérante de Washington est marquée par la bouche pincée et la main droite ouverte et levée qui invite à l’action. On voit les signes de l’Amérique naissante dans le blason frappé du drapeau américain sur le fauteuil à droite, ainsi que dans la symbolique de l’arc-en-ciel de la lucarne supérieure. Le drapé rouge, ainsi que les pieds du guéridon où se dessinent deux aigles sont aussi de beaux morceaux de peinture. La petite histoire rappelle que l’épouse de sir William, Anne Bingham, connue pour être l’une des plus belles femmes de l’époque aimait marcher et discuter avec Washington.

Dans la collection Bingham se trouve d’ailleurs un portrait du marquis dans une attitude identique à celle de Washington. L’œuvre va circuler à travers le pays de Los Angeles à Seattle, de Minneapolis à Oklahoma City pour être le point d’orgue de la rétrospective consacrée à Gilbert Stuart au Metropolitan Museum de New York en septembre 2004. On peut sourire du caractère patriotique de cette exposition et lire dans ce parcours transcontinental du portrait de Washington une volonté de consolider l’esprit nationaliste du pays. Gardons-nous d’une lecture trop sectaire, et souvenons-nous des mots du grand homme devant son portrait si expressif : « La nation qui se livre à des sentiments habituels d’amour ou de haine envers une autre devient en quelque sorte esclave. Elle est esclave de sa haine ou de son amour. »

LOS ANGELES, Los Angeles County Museum of Art, 5905 Wilshire Boulevard, tél. 323 857 6000, jusqu’au 9 Mars.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°543 du 1 janvier 2003, avec le titre suivant : Washington en campagne

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