Blinky Palermo, abstrait et romantique

L'ŒIL

Le 1 janvier 2003 - 348 mots

Le Musée d’Art contemporain de Barcelone ouvre ses portes à l’artiste allemand Blinky Parlermo, avec une rétrospective qui rassemble environ 150 pièces couvrant l’ensemble des techniques qui se croisent et dialoguent tout au long de son œuvre : tableaux, dessins, gravures, objets peints et peintures murales. Né en 1943 à Leipzig, Peter Heisterkamp a pris pour pseudonyme le nom d’un célèbre mafioso, qui fut le manager du boxeur américain Sonny Liston.
Il s’est formé à l’Académie de Düsseldorf, où il partage avec Joseph Beuys, Gerhard Richter, Sigmar Polke, Imi Knoebel, l’idéal d’une nouvelle implication sociale de l’art et de l’artiste. Très tôt orientée vers une prise en compte de l’espace réel, son œuvre est basée sur un questionnement radical de la peinture en tant qu’expérience existentielle. Dans la scène artistique de l’après-guerre, Palermo se distingue par son assimilation rigoureuse de la géométrie des avant-gardes constructives. L’occupation du plan, les tensions spatiales sont obtenues par une couleur homogène, laiteuse. Un langage chromatique très personnel se met en place, qui mélange l’épure abstraite et la concentration sensible, émotionnelle. Réhabilitant une attitude romantique, en friction avec les crises idéologiques de son époque, Palermo interroge la présence de l’humain au monde. L’une de ses dernières œuvres, To the People of New York City (1976-1977), acquise par la Dia Foundation de New York, décline sous une forme à la limite du monumental la mise en présence de la couleur dans l’espace du spectateur : 40 panneaux, composés en 15 parties, ponctuent un environnement totalement abstrait, qui entre pourtant en résonance avec l’expérience urbaine, comme renvoyant l’image d’une communauté diffractée et errante. C’est en 1977 que Blinky Palermo disparaît aux Maldives, dans des circonstances demeurées en partie non élucidées qui alimentent depuis le mythe romantique qui entoure l’artiste. Aux Etats-Unis, son œuvre a trouvé une reconnaissance critique sans équivalent : issue d’un parcours solitaire qui impose sa singularité, elle se trouve néanmoins revendiquée autant par la génération de l’expressionnisme abstrait, que par celle du minimalisme et du Pop art.

BARCELONE, Museu d’Art contemporani, plaça dels Angels 1, tél. 93 412 0810, 13 décembre-16 février.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°543 du 1 janvier 2003, avec le titre suivant : Blinky Palermo, abstrait et romantique

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque