Michèle Maillet, la foi numérique

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 janvier 2003 - 503 mots

Un soir de la fin octobre, les clients de la Fnac aux Halles, à Paris, ont vraiment dû se demander ce qui se passait. Tous les écrans des téléviseurs n’affichaient plus qu’une seule image faite de la simple silhouette d’un visage, en noir et blanc ou en couleurs, se formant et se déformant lentement. Renseignement pris, ils apprenaient qu’il s’agissait là de la première œuvre d’art numérique de Jean-Charles Blais disponible en DVD. Responsable de cet événement, Michèle Maillet signait là le premier acte public d’une activité professionnelle dans laquelle elle s’est engouffrée avec passion depuis quelques années, s’inventant le métier de producteur en ce domaine. Mariée à l’un des tout premiers créateurs d’une « web agency », Michèle Maillet s’est fait prendre aux pièges de la curiosité de ce nouveau médium et s’est mise à travailler sur Internet. Portée par sa passion pour l’art et le feeling naturel qu’elle a toujours eu avec les artistes, l’idée lui vint alors de proposer à quelques-uns d’entre eux de créer leurs propres sites. Ainsi naquit art-netart en 1999. Si Blais, Monory, Friedmann, Leccia lui emboîtèrent volontiers le pas, Michèle Maillet mesura très vite qu’il lui fallait aller plus loin, d’autant que certains aspiraient à réaliser certains projets complexes appelant les technologies nouvelles. Elle s’associa alors avec Olivier Bomseln, directeur de recherche en économie numérique à l’école des Mines de Paris, et produisit pour commencer une installation vidéo de Samuel Rousseau faite de la projection éclatée d’une figure de géant sur l’ensemble des fenêtres d’un immeuble. Avec Blais, elle accompagna la production d’œuvres dont la conception mettait en avant le contenu plutôt que la valorisation de l’objet ou du contexte, sur le modèle du disque, ce qui la conduisit à l’édition d’œuvres originales en série illimitée et à vouloir inscrire ce travail dans un réseau de distribution comme la Fnac. Pour ce faire, Michèle Maillet mit tout son savoir-faire à convaincre la fameuse enseigne et emporta le morceau. La présentation du DVD de Blais à la Fnac ajoutée à l’ouverture en novembre dernier d’une boutique Fnac Digitale dans le quartier de l’Odéon n’a fait qu’encourager Michèle Maillet à enfoncer encore plus le clou en ce domaine. S’étant attaché les services de Jean-Louis Froment comme directeur artistique, elle s’est accordée avec la Fnac pour développer un programme à trois niveaux : réaliser des DVD avec de très grands noms de l’art international, poursuivre son aide aux jeunes artistes et lancer un concours de création numérique au sein des écoles d’art.
A la mi-janvier, Michèle Maillet nous donne ainsi à nouveau rendez-vous, à la Fnac Digitale cette fois-ci, pour la présentation de son nouveau bébé : un DVD signé Sylvain Grout et Yann Mazeas, deux jeunes artistes originaires de Montpellier, conçu autour d’un jeu d’écritures. Désireuse d’atteindre un public qui aspire à voir plus qu’à posséder, Michèle Maillet travaille par ailleurs avec le plasticien Olivier Bardin au projet d’une émission de télévision qui serait conçue comme une œuvre d’art et faite par des artistes. Quel défi !

www.art-netart.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°543 du 1 janvier 2003, avec le titre suivant : Michèle Maillet, la foi numérique

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