« Vos photographies feront comprendre mon Balzac »

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 20 décembre 2007 - 414 mots

D’abord venu à la photo pour ce qu’elle apportait à son travail, Auguste Rodin s’est très vite adjoint les services de photographes officiels, puis d’artistes, pour mieux diffuser son œuvre.

Né tout juste un an après l’invention de la photographie, Auguste Rodin (1840-1917) s’entoura de photographes tout au long de sa carrière. Ces derniers donnèrent tous une interprétation différente des sculptures de Rodin en exploitant au mieux les techniques photographiques et contribuèrent à faire connaître les œuvres du sculpteur.

Des premiers photographes de quartier aux pictorialistes
Dès 1880, Rodin travaille avec des photographes de quartier, peu connus et qui le resteront. Réalisés dans un but documentaire, les clichés sont aussi des outils de travail pour Rodin, qui n’hésite pas à les annoter ou à les retoucher à l’encre pour éventuellement faire évoluer ses sculptures.
Alors que sa notoriété ne cesse de croître, le sculpteur s’adjoint les services de deux photographes officiels, Eugène Druet et Jacques-Ernest Bulloz, qui prennent des centaines de photographies des œuvres du sculpteur, qui seront largement diffusées dans la presse. Eugène Druet réalise des tirages qui, aujourd’hui encore, déconcertent car ils sont plus qu’une simple vision de la sculpture, ils traduisent l’atmosphère qui l’entoure.
En 1903, Bulloz le remplace. Respectueux, lui aussi, des directives très précises de Rodin, qui impose l’angle de prise de vue, la lumière et le fond, il innove grâce à des tirages au charbon en différentes teintes, réalisant des photographies sublimes dans des tonalités bleues (Petite Fée des eaux, 1903-1904) ou sépia.
Enfin, à l’heure où se développe le pictorialisme, le premier mouvement artistique en photographie, une nouvelle génération de photographes, souvent des artistes à part entière, vient frapper aux portes de l’atelier de Rodin. Parmi eux, le peintre Jean Limet, les jeunes Anglais Stephen Haweis et Henry Coles et l’Américain Edward Steichen. Ce dernier concentre son travail sur la statue de Balzac. Exploitant toutes les possibilités offertes par les procédés de développement et des traces de pinceau sec, il réalise de véritables œuvres d’art, où la statue de l’écrivain semble se réveiller et s’humaniser, surgissant comme par magie dans un halo brumeux. « Vos photographies feront comprendre au monde mon Balzac », lui dira Rodin.

Autour de l’exposition

Informations pratiques « Rodin et la photographie », jusqu’au 2 mars 2008. Commissaire général : Dominique Viéville. Musée Rodin, 79, rue de Varenne, Paris VIIe. Métro”‰: Varenne, Invalides et Saint-François-Xavier. Ouvert tous les jours sauf le lundi de 9”‰h”‰30 à 16”‰h”‰45. Tarifs”‰: 6”‰€ et 4”‰€, tél. 01”‰44”‰18”‰61”‰10 , www.musee-rodin.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°598 du 1 janvier 2008, avec le titre suivant : « Vos photographies feront comprendre mon Balzac »

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