L’histoire juive vue à travers la bande dessinée

Jolie et instructive exposition que celle programmée par le musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme autour de la bande dessinée et du roman graphique. À travers une visite vive et dense, on découvre que certaines grandes pages ont ainsi été écrites par d’éminents représentants de la communauté juive. En quatre points, « le ghetto oublié », « justiciers et super-héros », « Will Eisner », « mémoires américaines et européennes », écrit une histoire sociale et culturelle complexe.
Dans l’introduction historique, l’accent est ainsi mis sur les petites histoires publiées dans la presse, saynètes où pointe le fameux humour juif, tendrement acerbe. L’autodérision y règne jusque dans la transcription de l’accent des migrants juifs de New York. Dommage toutefois qu’aucune traduction ne soit proposée pour les planches en yiddish ou en anglais. Mais le parcours de quelque deux cent trente planches et documents est heureusement nuancé, fluide et bien documenté.
Au détour des nombreux comic books, le rapprochement entre le mythe du Golem et l‘homme de pierre des Quatre Fantastiques offre une lecture passionnante des grandes heures de la BD de super-héros. Quant à l’épilogue du parcours, il rassemble des ouvrages de « narration mémorielle » à l’instar du prix Pulitzer Maus d’Art Spiegelman, récit de la déportation des parents de l’auteur, ou des albums tournés vers la judéité comme Le Chat du rabbin de Joann Sfar. Si la bande dessinée n’est pas un art juif, l’union de ce 9e art à la culture juive écrit une passionnante histoire du XXe siècle.