Albert Marquet, fauve mais pas trop

L'ŒIL

Le 1 février 2003 - 381 mots

Après les États-Unis, l’exposition itinérante « Albert Marquet, du fauvisme à l’impressionnisme » rejoint le musée d’Art moderne de Troyes, seule étape française de son périple. Elle retrace le parcours de l’artiste à travers un choix conséquent de soixante-seize œuvres, issues des collections publiques. Arrivé à Paris en 1890, Marquet se lie avec Matisse à l’École des arts décoratifs et le suit aux Beaux-Arts, où ils sont élèves de Gustave Moreau. Il s’intéresse aux maîtres anciens, copie au Louvre des œuvres de Poussin, Lorrain ou Watteau. Parallèlement, il découvre à l’Académie Ranson Paul Sérusier et, par son intermédiaire, l’œuvre de Paul Gauguin et d’Émile Bernard. Chez Durand-Ruel, les toiles de Van Gogh, Seurat et Cézanne sont pour lui une révélation. Très vite, avec Matisse, ils peignent leurs premiers paysages nourris de ces découvertes : des toiles en couleurs pures, annonciatrices de ce que sera, quelques années plus tard, le fauvisme. Marquet expose au Salon des Indépendants dès 1901 et, en 1905, participe au Salon d’automne, dans la fameuse « cage aux fauves ». Cette période ne sera que très brève. À l’éclat de la couleur pure et à la violence expressive qui caractérisent les artistes de ce groupe, il préférera peindre des paysages aux tonalités plus apaisées, s’inscrivant d’abord comme un observateur, davantage à la manière d’un Corot ou d’un Monet pour les atmosphères (brume, grisaille...) qu’à celle de Vlaminck, Derain ou Van Dongen. Marquet a peint des nus féminins et des natures mortes, mais ce sont assurément ses paysages qui ont fait sa renommée. Ceux qu’il peint en Normandie (La Plage de Fécamp, 1906), aux côtés de Raoul Dufy, mais surtout ses vues parisiennes aux perspectives plongeantes, quais de Seine et ponts peints à différentes heures du jour et de la nuit, perçus depuis les fenêtres de ses ateliers, quai des Grands-Augustins, quai des Orfèvres ou quai Saint-Michel. Sans oublier son goût prononcé pour la vie et l’activité portuaires, qui lui vient de ses nombreux voyages, au Maroc avec Camoin et Matisse en 1913, puis en Norvège ou en Espagne, et qui lui a inspiré quelques-unes de ses plus belles toiles. Cette exposition est organisée conjointement par le Centre Pompidou et le musée de Troyes.

TROYES, musée d’Art moderne, place Saint-Pierre, tél. 03 25 76 26 80, 1er février-30 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°544 du 1 février 2003, avec le titre suivant : Albert Marquet, fauve mais pas trop

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque