L'actualité des expositions d'art africain

Barbier-Mueller, le musée d'Ethnographie de Neuchâtel et la fondation Dapper

L'ŒIL

Le 1 février 2003 - 458 mots

Une exposition « Beauté africaine », ouverte depuis le 24 septembre dernier et jusqu'au 15 mars 2003 au musée Barbier-Mueller de Genève, entreprend de dévoiler au public une série de « beaux objets » tous venus d'Afrique noire. Le seul critère retenu, selon le propos même de Jean-Paul Barbier-Mueller, est « celui de la qualité plastique, à l'exclusion de certains aspects sensationnels ou inquiétants ». L'idée qui préside à ce projet est également de renvoyer dos à dos spéculateurs sans scrupule et ethnologues grincheux, en montrant des objets touchants par leur pureté esthétique mais dont la valeur fonctionnelle ne saurait faire démesurément s'envoler les prix d'adjudication. À Genève, la neutralité entre musées d'ethnologie et musées d'art est par conséquent de mise.
Toujours en Suisse, on rappellera la réussite de l'exposition « Le Musée cannibale », organisée depuis près d'un an, et jusqu'au 2 mars prochain, par Jacques Hainard au musée d'Ethnographie de Neuchâtel, exposition dont l'affiche – un masque punu du Gabon pourfendu par une hache – résume admirablement le propos. Il s'agit, dans un parcours en huit sections aux titres évocateurs : « Au bon vivant », « Cannibale toi-même », « L'appétit vient en classant », « Le goût des autres », « La chambre froide » notamment, de filer la métaphore satirique des musées occidentaux d'arts premiers qui s'approprient l'autre en ingurgitant son patrimoine. La présentation des salles reprend le stéréotype de l'ethnologue aux yeux duquel le « sauvage » est un cannibale, mais elle l'inverse en montrant comment l'action d'étude tourne elle-même au cannibalisme intellectuel.
Revenons à Paris. À la fondation Dapper, on prépare une exposition « Ghana hier et aujourd'hui » qui va se tenir du 7 mars au 13 juillet 2003, réunissant pour la première fois en France des œuvres prêtées par le National Museum d'Accra, par le Department of Archaeology de l'université de Legon et quelques pièces conservées dans le musée du Palais à Kumasi, avec un ensemble rare d'effigies funéraires du fonds Dapper. Centrée sur l'éclat et le symbolisme de l'or, puisque « Gold Coast » est l'ancien nom du Ghana, l'exposition, à côté d'un volet entier mettant à l'honneur le cérémonial des funérailles, fait valoir l'habileté des fondeurs, tisserands, orfèvres, sculpteurs et autres céramistes qui parvenaient à introduire des références à la sagesse populaire dans les contours de certains objets, en particulier les « pesants d'or » (poids à peser l'or) auxquels ils donnaient volontiers des formes illustrant tel ou tel proverbe.

- Musée Barbier-Mueller, 10, rue Jean Calvin, Genève (Suisse), tél. 00 41 22 312 02 70. www.barbier-mueller.ch - Musée d'Ethnographie, 4, rue Saint-Nicolas, Neuchâtel (Suisse), tél. 00 41 32 718 19 60. - Musée Dapper, 35, rue Paul-Valéry, Paris, XVIe, tél. 01 45 00 01 50. www.dapper.com.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°544 du 1 février 2003, avec le titre suivant : L'actualité des expositions d'art africain

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