Jean-François Millet (au-delà de L’Angélus)

Par Valérie Bougault · L'ŒIL

Le 1 février 2003 - 312 mots

L’Angélus de Millet est, paraît-il, le tableau préféré des Français. Coiffant sur le poteau Le Moulin de la Galette ou même la Joconde dont la présence assure pourtant à la France un inaltérable flux de touristes. Surprenant constat dans une société où le monde paysan tend à disparaître, et qui nous amène à abonder dans le sens des propos tenus par l’éditeur dans son introduction : l’influence de Millet s’abreuve aux mythes fondateurs de ce pays, s’enracine dans les terroirs les plus profonds ; il est le peintre défenseur d’un réalisme teinté de mysticisme. « Ses paysans tiennent au sol comme des souches d’arbres... Ce n’est pas du sang qui coule dans leurs veines mais de la sève », écrit Théophile Gautier. Le lien à la terre reste-t-il donc, malgré son caractère largement fantasmatique, le pacte solidaire d’une nation ? Outre les perspectives qui s’ouvrent devant une telle constatation, on voit bien qu’il est utile de resituer Millet dans l’histoire de la peinture, d’analyser son parcours, ses affirmations stylistiques, la cohérence de son œuvre. C’est le travail auquel se livre Lucien Lepoittevin, éclairant la signification anthropologique d’une œuvre abondante et complexe. La deuxième partie du livre est issue du Colloque de Cerisy consacré au peintre sous le thème « L’universalité de Jean-François Millet » et auquel ont participé quatorze historiens d’art.

Il y est question des racines normandes du peintre, de sa correspondance, de ses voyages. On y met son œuvre en regard avec celle de ses contemporains, Courbet, Daumier, Jules Breton, Pissarro. Enfin, on lira avec attention une communication de Christophe Marquet évoquant le destin de Millet au Japon, où sa peinture, utilisée à des fins morales et éducatives, est révérée de façon quasi religieuse. Une sorte d’éclairage en retour sur cette singulière dévotion française.

Lucien Lepoittevin, Jean-François Millet (au-delà de l’Angélus), éd. de Monza, Paris 2002, 392 p., 60 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°544 du 1 février 2003, avec le titre suivant : Jean-François Millet (au-delà de L’Angélus)

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