Les lièvres bondissants de Flanagan

L'ŒIL

Le 1 mars 2003 - 358 mots

En arrivant au musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Nice, le visiteur est accueilli par un lièvre chevauchant une cloche. Installé une première fois sur le parvis en 1992, cet animal facétieux est dû à l’imagination du sculpteur anglais Barry Flanagan. Après l’exposition qui lui a été consacrée en 1993 au musée des Beaux-Arts de Nantes, le Gallois est de retour à Nice avec une exposition qui met l’accent sur les bronzes des années 1980-1990 et les gravures et dessins réalisés depuis 1966. Les quatre-vingt-dix-sept pièces rassemblées définissent une œuvre singulière. En 1979, date à laquelle il commence à travailler le bronze après avoir expérimenté toutes les techniques, Flanagan se tourne résolument vers la figuration et crée un univers peuplé d’animaux, tels des chevaux, des éléphants, mais surtout des lièvres. Avec des références à l’histoire de la sculpture (Thinker on Rock, 1997, où le lièvre penseur rappelle l’œuvre de Rodin), à la littérature (Lewis Carroll), des hommages à la danse (dans Nijinsky Hare), et une attirance affirmée pour l’absurde et le burlesque. Ses lièvres dansent ou bondissent avec un rendu du mouvement saisissant, l’artiste recherchant davantage à saisir des attitudes, des élans, qu’à atteindre une quelconque perfection formelle. Les traces de modelage, le geste de l’artiste restent visibles. Le lièvre est sujet à toutes les transformations : Flanagan ne se prive pas de lui agrandir les oreilles démesurément, d’étirer les membres de son corps, de l’affubler de toutes les expressions humaines imaginables, avec l’humour, l’excentricité, la malice, mais aussi la finesse et l’élégance qui le caractérisent. L’animal apparaît dans son travail pour la première fois à travers le dessin, à la fin des années 1970. Ses œuvres graphiques ne sont pas à considérer comme autant d’études pour des œuvres en trois dimensions, même si l’on peut déjà y voir la figure du lièvre et son corps stylisé réduit à une ligne expressive. En sculpture, Barry Flanagan préfère travailler directement la matière et improviser sans suivre de croquis ; le dessin est pour lui un moyen d’expression autonome.

NICE, musée d’Art moderne et d’Art contemporain, promenade des Arts, tél. 04 93 62 61 62, 6 décembre-25 mai. www.mamac-nice.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°545 du 1 mars 2003, avec le titre suivant : Les lièvres bondissants de Flanagan

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