Baselitz, l’expression par la gravure

L'ŒIL

Le 1 mai 2003 - 354 mots

Conçue à partir d’une série récente d’estampes du peintre et sculpteur allemand Georg Baselitz, né en 1938 à Deutschbaselitz, l’exposition proposée au musée des Beaux-Arts de Caen offre l’occasion de rappeler l’importance de la gravure dans l’œuvre de l’artiste. Depuis 1963, Baselitz a produit de nombreuses eaux-fortes, lithographies et linogravures, ses premières œuvres monumentales en ce domaine remontant à 1977. Celles qu’il présente actuellement forment un cycle de seize planches de grand format réalisées durant l’hiver 2002. Chez Baselitz, l’enjeu de la gravure ne réside pas dans le fait qu’elle soit reproductible, mais davantage dans ses qualités expressives, c’est pourquoi il limite le tirage à moins de six exemplaires. Cette technique favorise l’idée sans détour, définitive, sans possibilité de corriger. Au final, des images en apparence moins tourmentées que ses peintures, moins nerveuses du fait de la technique, mais guidées par une recherche similaire où dominent toujours la forme et le trait, ici vif et court. Baselitz se plaît à brouiller l’espace, les repères de lecture habituels par l’inversion de la figure – comme il le fait systématiquement depuis 1969 –, mais aussi par les éléments qui semblent flotter au milieu d’aplats monochromes. L’œuvre la plus figurative peut ainsi se révéler la plus abstraite, impression renforcée par l’insertion dans ses gravures de mystérieuses pastilles blanches. Matériau souple et facile à travailler, le linoléum permet à l’artiste une grande liberté de mouvement, de garder ce geste spontané qui traverse sa peinture. Sans croquis préparatoires, il pratique la taille blanche, incisant directement le dessin dans la plaque posée sur le sol. C’est ici la ligne et elle seule qui donne à l’œuvre sa valeur expressive.
Dans Veteran et Meine neue Mütze, autoportraits avec casquette et uniforme à épaulettes, dans les paysages inspirés de dessins d’enfance (Indianergrab) ou les scènes érotiques en référence à Marcel Duchamp de la série intitulée Belle Haleine qui composent cette exposition, on retrouve nombre des préoccupations fondatrices de l’art de Georg Baselitz, notamment la prédominance du fait artistique sur le sujet qui n’est finalement qu’un prétexte.

CAEN, musée des Beaux-Arts, le château, tél. 02 31 30 47 70, www.ville-caen.fr/mba, 8 mars-25 mai.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°547 du 1 mai 2003, avec le titre suivant : Baselitz, l’expression par la gravure

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