La vie aux îles Mentawaï

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 mai 2003 - 327 mots

« Quand ils s’apprêtent pour une fête, les habitants de ces îles deviennent de véritables œuvres d’art chatoyantes » écrit un témoin visuel. C’est ce spectacle que suggère l’exposition du musée de Laon, à partir du récit de voyage de Didier Boussarie dans l’archipel des Mentawaï, ces îles situées à l’ouest de Sumatra où vivent encore des hommes proches de l’état de nature, proches de l’organisation sociale et des croyances de leurs ancêtres. Une maquette présente une des grandes maisons traditionnelles, symbole du cosmos, situant les humains entre le monde souterrain peuplé de mauvais esprits et la voûte céleste. Une maquette de plate-forme à sagou suggère ensuite l’extraction de la fécule du palmier-sagoutier. On voit surgir la vie quotidienne racontée en une longue suite d’objets, de beaux plats en bois, des arcs et flèches, des pagaies d’une admirable élégance. Aucun objet en métal, les lames de couteaux et pointes de lances sont importées de Sumatra, les Mentawaï ignorant la métallurgie. D’autres récipients permettent au chamane de conserver les plantes médicinales qu’il utilise. Dans le cadre de croyances animistes, c’est lui, personnage central de la communauté, qui dirige cérémonies et rituels. Dans le système de pensée dualiste où se situent les Mentawaï, entre monde supérieur et inférieur, il faut agir sur les esprits invisibles pour que le Mal et le Bien s’équilibrent, notamment en dansant. Leur art est un art de courbes, de la ligne en mouvement. Ils ont produit certaines sculptures anthropomorphes ou zoomorphes, singes ou oiseaux, incluant parfois de vrais crânes de singes qui ornent la cloison intérieure de la maison. Mais leur sens de la beauté se manifeste surtout dans des formes non figuratives, comme ces volutes et spirales de leurs tatouages qui sont placés selon un code précis. Durant leurs danses, ils méritent bien le qualificatif d’hommes-fleurs, nom qui leur a été donné par les Européens.

LAON, musée d’Art et d’Archéologie, 32 rue Georges Ermant, tél. 03 23 20 19 87, 1er mars-25 mai.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°547 du 1 mai 2003, avec le titre suivant : La vie aux îles Mentawaï

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque