Webcam

L'ŒIL

Le 1 mai 2003 - 255 mots

Gossec, peintre contemporain (figuratif et pionnier de l’art conceptuel) mondialement reconnu, orchestre, depuis son château Renaissance de Cérisoles-sur-Loire, les célébrations de son centenaire. Et rédige ses mémoires. L’apparition de faux tableaux signés de lui, l’assassinat de son fils préféré le décident à mener l’enquête. Une enquête qui nous entraîne, via ces « mémoires », dans le milieu de l’art, que l’auteur connaît bien. Il nous propose une galerie de portraits plus vrais que nature : la troisième épouse de Gossec, mannequin-vedette, reconvertie dans l’art numérique, la galeriste aux dents longues, prête à défendre becs et ongles « son » artiste, le conservateur du patrimoine, opiniâtre et tatillon, dont l’ombre plane comme une menace. Et, surtout, celui de l’artiste lui-même, monument de cynisme et d’égoïsme, impérial imposteur au crépuscule de sa vie, qui, dans cette traque, devient presque humain.
Ce jeu de rôles – où l’on joue sa peau – se déroule bien sûr entre réel et virtuel, dans la vie et sur internet, dans un va-et-vient entre passé et présent, dans un basculement perpétuel entre « vrai » et « faux ». Ni mémoires, ni journal, ni roman, ni polar, ni pamphlet, mais un peu de tout cela, ce récit mené tambour battant nous projette simultanément dans plusieurs dimensions, au cœur même de la toile – à la fois peinture, réseau et réseau d'influences. Si le style, parfois précieux, irritera certains, l’humour, le rythme et l’insolence de Webcam en font, somme toute, un gloubiboulga fort réjouissant.

Adrien Goetz, Webcam, éditions Le Passage, 2003, 15 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°547 du 1 mai 2003, avec le titre suivant : Webcam

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