Si la modernité à Paris n’a pas fait école à Vienne, elle a infléchi la manière de certains artistes

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 4 décembre 2007 - 394 mots

Boeckl (1894-1966) et Klimt (1862-1918) illustrent, chacun à leur manière, sa prise en compte des apports extérieurs, les plus subtils soient-ils, dans un travail d’artiste. Ni l’un ni l’autre n’ayant vécu et travaillé à Paris, ils n’ont ainsi pas été des acteurs de l’avant-garde de l’époque. Leurs points de contact avec la France se réduisent à quelques brefs séjours dans la capitale et la contemplation des œuvres à l’occasion des expositions internationales dont il faut souligner, ici, le rôle essentiel dans les échanges artistiques.

Boeckl, peintre-architecte
Herbert Boeckl est d’abord et avant tout un peintre de la couleur, un expressionniste qui attribue aux pigments une valeur supérieure à la simple représentation de la réalité. La couleur exprime le sentiment du peintre. Pourtant, de retour d’un séjour parisien en 1923, il commence à mieux structurer ses compositions.
À cette époque Cézanne (mort en 1906) a ouvert depuis longtemps la voie du cubisme. Se souvenant de ses études d’architecture (il a été un élève d’Adolf Loos), Boeckl fragmente, à la manière du peintre d’Aix-en-Provence, le paysage en de multiples formes simplifiées. Sa montagne, Sainte-Margareten, est une citation directe de la Sainte-Victoire. Boeckl découpe ce qu’il voit en blocs plus ou moins géométriques au détriment du volume et des détails. Son regard simplificateur appréhende la structure du paysage.
Mais il reste attaché à une restitution objective du réel et ne s’enfonce pas plus avant dans la déconstruction cubiste qu’il connaît évidemment. Sa palette réduite à trois tons chauds manifeste son empathie pour les lieux.

Klimt, un pointilliste ?
Gustav Klimt connaît le pointillisme depuis au moins 1900, lorsque des toiles de Signac sont présentes à l’exposition de la Sécession. Il en fait une utilisation toute personnelle et pour tout dire peu orthodoxe.
vIl ne retient de la technique néo-v impressionniste, non pas la juxtaposition de points de couleur pure, mais un effet de saturation. Les formes ne sont ainsi pas constituées de points, mais pleines et entières. C’est la répétition des motifs de feuilles et de fleurs qui évoque le pointillisme.
Comme pour Boeckl et sa formation d’architecte, Klimt a une prédisposition, lui, pour cette impression de tapisserie. La confusion du sujet et du décor, l’assemblage des motifs sur un même plan font partie depuis longtemps de sa syntaxe picturale. Sa conversion au paysage est tardive et hérite à la fois de son style et de l’apport revisité du pointillisme.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°597 du 1 décembre 2007, avec le titre suivant : Si la modernité à Paris n’a pas fait école à Vienne, elle a infléchi la manière de certains artistes

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