Petits dialogues entre design

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 4 décembre 2007 - 387 mots

Né en 1965 à Munich et élu, cette année, « designer de l’année » par le magazine d’architecture allemand Architektur & Wohnen, Konstantin Grcic est assurément l’un des créateurs actuels les plus intéressants. La moindre occasion est donc bonne de découvrir sa production de visu. À l’invitation du musée des Arts décoratifs de Paris, le designer d’Outre-Rhin présente une sélection de douze pièces qu’il a créées et qu’il met en parallèle avec autant de pièces sélectionnées dans les collections dudit musée. En tout donc, douze « petits dialogues » – « Small Talk » est le titre de l’exposition – se dévoilent au fur et à mesure au visiteur. Pour ajouter à cette notion de « dialogue », les objets sont surmontés d’un système de « bulles », à l’instar d’une bande dessinée, dans lesquelles défilent les phrases dudit dialogue.
Ainsi la fameuse lampe MayDay (Flos), réinterprétation réussie de l’antédiluvienne lampe baladeuse, conçue par Grcic en 1997 et pour laquelle il a décroché, en 2001, un « Compasso d’Oro », récompense suprême du design transalpin, est-elle montrée en vis-à-vis du tabouret Berger dessiné en 1953 par Charlotte Perriand (1903-1999), ce fameux tabouret de vacher connu en Suisse sous le sobriquet de « botte-cul ». Ces deux objets sont tellement ancrés dans la vie quotidienne qu’ils
en deviendraient presque anonymes. « La dimension paradoxale de cet anonymat, aussi insigne soit-il désormais, est un gage de liberté. Il permet une intimité immédiate, celle du caractère tout de suite familier de l’objet », dit la lampe. « Ici la montagne est proche, bergerie alpine. Plus urbain, le garage ou l’atelier de l’autre. Ajouter la légèreté, le goût du transport, l’autonomie. Simplicité et stabilité, atteindre une égale clarté », répond le tabouret. Le parcours se poursuit ainsi au milieu de ces conversations multiples.
Konstantin Grcic a construit ces duos selon plusieurs critères : les matériaux, les formes, les fonctions... D’où une variété de réflexions qui rendent l’exposition séduisante. Si la chaise One (Magis, 2004) en aluminium et béton s’exhibe à côté d’une pendule en bronze doré de l’horloger Ferdinand Berthoud datant de 1760, c’est qu’elles racontent toutes deux une histoire de stabilité, mais chacune à sa manière.

« Small Talk », musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, Paris Ier, tél. 01 44 55 57 50, jusqu’au 27 janvier 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°597 du 1 décembre 2007, avec le titre suivant : Petits dialogues entre design

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