Le Salon XXe 2003

L'ŒIL

Le 1 juin 2003 - 774 mots

Le Carrousel du Louvre accueille pour la deuxième année le Salon xxe siècle. Pas moins de quarante exposants venus de France, d’Allemagne, d’Italie, d’Autriche, de Suisse, du Danemark et de Belgique mais aussi des États-Unis sont présents. La dimension internationale de ce salon en fait bien évidemment l’attrait et permet au public parisien d’apprécier les œuvres de créateurs étrangers qu’ils n’ont pas l’habitude de voir sur le marché français.
Malgré l’absence des grandes galeries de l’Art déco – seule la galerie d’Armand Deroyan propose des tapis de Da Silva Bruhns, de Bénédictus mais aussi de la maison Myrbor –, ce salon offre un panorama complet des grands mouvements artistiques du siècle.
Les arts décoratifs français des années 1940 et 1950 dominent toujours le devant de la scène et l’intérêt qu’on leur porte dépasse désormais les frontières. Ainsi la galerie Yvonne Benda de Zurich rendra hommage au décorateur et sculpteur André Arbus et à son fidèle collaborateur et ami le ferronnier Gilbert Poillerat, en leur consacrant la totalité de son stand. Le néoclassicisme des années 1940 s’exprime aussi chez Olivier Watelet qui expose une exceptionnelle commode en sycomore de Jacques Quinet, exemplaire unique réalisé en 1962 pour un commanditaire privé. Les œuvres de Jean Royère, d’Alexandre Noll à Georges Jouve, dont il sera possible d’acquérir des œuvres dans de nombreux stands, ceux de Jousse Entreprise, de la galerie de Beyrie et de Jean-Louis Danant en particulier, seront là pour démontrer que cette époque est aussi celle du ludisme et de la fantaisie ornementale. Saluons la présence de la galerie Luc Debruille installée rue de Lille à Paris qui participe à son premier salon avec, pour l’essentiel, des petits meubles et des lampes métalliques édités par les maisons Disderot et Caillat sur des modèles de Boris Lacroix, Pierre Guariche ou Michel Buffet, créations dont il s’est fait la spécialité.
Les arts décoratifs italiens ne sont pas en reste : une table de Carlo Mollino avec un plateau de marbre reposant sur un piètement squelette réalisée en 1946 est proposée par la galerie Ulrich Fiedler de Vienne, des luminaires de l’ingénieux Gino Sarfatti sont présentés par Pierre Staudenmeyer de la galerie Mouvements Modernes mais aussi des meubles et des céramiques de Gio Ponti, Gino Fornasetti, Guglielmo Ulrich et de Sottsass rapportés de Milan par la galerie Pegaso Sas. L’architecte d’intérieur Chahan s’est intéressé à la production en verre de cette époque et notamment aux créations de la Fontana Arte. Cette firme italienne toujours en activité sera successivement dirigée par Gio Ponti et le Français Max Ingrand dont nous découvrons ici l’une des plus remarquables réalisations, le miroir « pistils » dessiné en 1955.
L’éclectique galerie du Passage, qui nous fit découvrir quelques-unes des plus belles pièces d’Emilio Terry, de Jean Royère ou d’Alexandre Noll, s’intéresse aujourd’hui aux meubles d’artistes des années 1960 et 1970. Après une exposition consacrée à Guy de Rougemont en avril dernier, elle poursuit son travail de réhabilitation d’artistes oubliés et nous propose des créations de Beltzig, une société familiale allemande qui édita du mobilier en plastique entre 1966 et 1976, du sculpteur Maurice Calka, célèbre pour son bureau biomorphique édité par la maison Leleu mais aussi de Philippe Hiquily.
Enfin pour les amateurs de design contemporain, les galeries Kreo, Mouvements Modernes mais aussi Klaus Engelhorn de Vienne proposent les œuvres des principales figures : Garouste et Bonetti, Ettore Sottsass, Ron Arad, Jasper Morrison, Marc Newson, les frères Bouroulec ou François Bauchet dont on a pu découvrir les dernières créations lors de l’exposition « Collection Hadar » à la galerie Kreo. En marge, la galerie Barry Friedman présente les meubles et les sculptures d’Ingrid Donat ou les vases de Giles Bettison.
À côté, les autres périodes sont moins représentées mais il est possible de trouver des œuvres fort intéressantes en provenance de Scandinavie et des États-Unis mais aussi d’Art nouveau, un domaine qui s’est assaini depuis la crise des années 1990, et dont on fête cette année le centenaire du Wiener Werkstätte, un groupement d’artistes d’avant-garde autrichien.
Cette manifestation est aussi l’occasion pour les organisateurs de lancer le premier numéro d’un magazine exclusivement consacré au design. Baptisé XXe siècle, revue des arts décoratifs et du design, cette revue bilingue qui paraîtra quatre fois par an, traitera de l’actualité du marché de l’art, s’intéressera aux principaux acteurs de ce domaine au travers d’interviews et abordera l’œuvre des principaux artistes.
Rick Gadella qui a fait de « Paris Photo », la plus importante manifestation internationale de la photographie, espère ainsi s’imposer au sein du dynamique marché du design.

PARIS, Carrousel du Louvre, Ier, du 5 au 8 juin, de 11 h 00 à 20 h 00.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°548 du 1 juin 2003, avec le titre suivant : Le Salon XXe 2003

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