L’Inde à la Villette

L'ŒIL

Le 1 juin 2003 - 374 mots

Nul besoin d’être mélomane, amateur de musique et de culture indiennes pour apprécier cette exposition qui semble spécialement conçue pour la délectation du visiteur. En effet, c’est avec ravissement, par la grâce d’une scénographie soucieuse de préserver la part du rêve, par la beauté irréelle des instruments de musique et celle des peintures où l’on voit ces mêmes instruments dans leur contexte, que l’on plonge dans l’univers musical de l’Inde du Nord, aussi appelée Hindoustan.
La musique hindoustani est issue de la rencontre de deux cultures, l’indienne et la persane, cette dernière implantée en Inde depuis la fondation d’un sultanat à Delhi au début du XIIIe siècle. La musique joue un rôle important à la cour des empereurs moghols. « Sa Majesté accorde une grande attention à la musique et prend sous sa protection tous ceux qui pratiquent cet art enchanteur », écrit le biographe de l’empereur Akbar, mécène soucieux de l’intégration réciproque des deux cultures.
Des premiers instruments originaires d’Asie centrale importés à l’époque des sultanats, aux premières adaptations d’instruments occidentaux (comme l’harmonium), l’exposition déploie une « galerie » d’instruments de musique qui semblent autant faits pour le plaisir des yeux que pour celui de l’oreille : la vina, attribut de la déesse Sarasvatî ; le rabab, luth de cour ; le sarangi et le sarinda, vielles
à manche court jouées par les bardes et les mendiants itinérants ; le pakhavaj, tambour à deux faces,
et son dérivé, le tabla moderne ; le tambura, luth à manche long ayant fonction de bourdon dans l’accompagnement du chant classique ; le sitar et le sarod, qui se sont perpétués jusqu’à aujourd’hui...
La peinture indienne  connaît un véritable âge d’or entre le milieu du XVIe et le milieu du XVIIe siècle. Les miniatures ici réunies représentent des scènes musicales : danses devant le souverain, concert devant une princesse, prince en compagnie d’ascètes, écoutant un musicien, cérémonies officielles aux sons du naqqara-khana (orchestre royal), ou encore  ragini, illustrations picturales des thèmes correspondant aux trente-six principaux raga du répertoire traditionnel.
Là encore, le raffinement extrême est source d’émerveillement.

« Inde du Nord. Gloire des princes, louange des dieux », PARIS, Cité de la musique, 221 av. Jean Jaurès, XIXe, tél. 01 44 84 45 45, 19 mars-29 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°548 du 1 juin 2003, avec le titre suivant : L’Inde à la Villette

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