Matali Crasset

L'ŒIL

Le 1 juillet 2003 - 438 mots

Le Grand Hornu, installé dans la somptueuse usine imaginée par l’industriel lillois Henri Degorge au début du XIXe siècle, aime le design français. Après avoir rendu hommage au binôme Garouste et Bonetti et à Martin Szekely, c’est au tour de la jeune mais déjà célèbre designer Matali Crasset de venir exposer ses dernières réalisations. Initialement produite par le musée de Design et d’Arts appliqués contemporains de Lausanne sous le titre « Un pas de coté » puis présentée au Victoria and Albert Museum de Londres, cette exposition rebaptisée « Homemade » est ici augmentée des dernières réalisations de Matali. Cette rétrospective se focalise essentiellement sur la démarche artistique de la designer et permet d’en comprendre l’approche expérimentale. Chez Matali Crasset, l’objet avant d’être un problème purement plastique est abordé à partir de questions d’ordre rituel, psychologique et sociologique qui  permettent d’en poser les nouveaux fondements et d’en redéfinir la typologie. Ce qui intéresse Matali, c’est notre vie quotidienne, nos gestes, nos rites et nos lieux de vie. Elle les revisite pour les questionner et apporter des solutions nouvelles simples mais souvent déconcertantes, nous mettant face à nos contradictions. Exposé ici, Quand Jim monte à Paris, un lit transformable en colonne, tapis ou paravent est symptomatique de cette démarche. Il est le résultat d’une expérience personnelle de Matali et pose le problème de l’hospitalité dans notre vie moderne. Les autres objets et meubles présentés et mis en situation dans plusieurs aménagements reprennent cette même démarche. Sont également exposées des installations renvoyant à des problématiques globales de nos modes de vie. À travers un groupe de trois installations intitulées Update/Three spaces in one, la designer s’interroge sur le soin de notre corps et propose plusieurs concepts où le bain débarrassé de ses miroirs serait un moyen de se ressourcer au sein de l’élément naturel : l’eau, les plantes et la lumière. La présentation de quelques meubles dessinés pour l’hôtel Hi de Nice récemment aménagé par Matali se propose de repenser l’hôtel de luxe. Composé de trente-huit chambres dont plusieurs suites et d’un restaurant gastronomique, l’hôtel Hi casse
le modèle standard du luxe dans l’hôtellerie, brise les clichés et les conventions et propose un voyage expérimental à la découverte d’une nouvelle façon d’habiter dans la vie contemporaine. Mais Matali ne s’intéresse pas qu’à notre condition et présente ici le pigeonnier Capsule, ressemblant davantage à une soucoupe volante qu’à nos traditionnels pigeonniers de briques, qui sera construit dans
le Nord-Pas-de-Calais pour le bonheur des nombreux colombophiles de la région.

« Matali Crasset / Homemade », HORNU (BELGIQUE), musée d’Art contemporain, Grand Hornu, tél. 32 0 65 65 21 21, 24 mai-31 août.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°549 du 1 juillet 2003, avec le titre suivant : Matali Crasset

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